C’est une superbe collection que lancent les Editions Buchet-Chastel: «Les auteurs de ma vie» invite de grands écrivains à partager leur admiration pour un classique.

Rencontres inaugurales, compagnons quotidiens, sources à laquelle revenir, certains textes ont marqué leur lecteurs. Et quand ceux-ci se nomment Michel Butor ou Jean Giono, qui signent les deux premiers titres, leur partage est un régal. Le premier s’attaque à l’immense Victor Hugo, auteur de théâtre, de romans, de chansons et d’épopées, de pamphlets ou de poésie – sans oublier le dessin, qu’il pratiqua avec talent. Pour donner un sens de sa démesure, Butor a fouillé dans le «grenier hugolien» et en a tiré des pages peu connues, inattendues, qu’il présente brièvement avant d’en faire entendre de longs extraits.

Entre essai, rêve et récit personnel, Jean Giono livre de son côté une lecture intime de Virgile, de sa naissance sur un chemin de la campagne lombarde à sa mort prématurée. Dans sa langue sensuelle et poétique, il se raconte autant qu’il parle du poète, jusqu’à la confusion: dans ses vers, écrit-il, Virgile a mis toute sa terre, «l’ayant au préalable broyée soigneusement sur son cœur et réduite en fine poudre d’or, en sève et en fumée de brume, pour qu’il puisse en composer en toute liberté une terre qui sera valable pour toute la terre». Suivent les Bucoliques, les Géorgiques et l’Enéide. Virgile avait paru à l’origine dans le cadre des «Pages immortelles», publiées par Corrêa/Buchet-Chastel dans les années 1930-40, et dont certains titres épuisés seront réédités. Notamment Descartes par Paul Valéry, Tolstoï par Stefan Zweig ou Montaigne par André Gide.

MICHEL BUTOR, VICTOR HUGO, COLL. «LES AUTEURS DE MA VIE», ED. BUCHET-CHASTEL, 2016, 200 PP; JEAN GIONO, ­VIRGILE, IBID, 208 pp.

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