GENEVE - Basées dans le quartier des Eaux-Vives, les éditions de littérature jeunesse La Joie de lire fêtent leurs 20 ans.
«L'élan est toujours aussi grand, le plaisir de partager ce qu'on aime toujours aussi intense.» L'enthousiasme de Francine Bouchet, directrice des éditions La Joie de lire, n'a pas pris une ride. En vingt ans, la technologie a peut-être complètement changé, mais «au niveau du contenu nous travaillons toujours avec la même exigence». Peut-être parce qu'éditer des oeuvres pour la jeunesse participe d'une mission éducative, autre que celle des parents et de l'école? «Elle est basée sur le plaisir de la lecture: il s'agit d'apprendre à se mesurer à quelque chose qui vient d'un autre, et d'avoir la liberté de l'intégrer ou de le rejeter.»
En 1987, lorsqu'elle se lance dans l'aventure, Francine Bouchet travaille à la librairie La Joie de lire, en Vieille-Ville. Le lieu est réputé mais les affaires difficiles. «Les bons livres se vendaient par d'autres circuits et on annonçait l'ouverture de la Fnac à quelques centaines de mètres... Etre spécialisé en littérature jeunesse n'a de sens qu'avec un prix réglementé du livre.» Mauvais résultats économiques, départ d'une libraire et, surtout, envie de s'investir davantage dans l'édition: en 1991, Francine Bouchet met la clé sous la porte.
Depuis, la petite maison d'édition s'est professionnalisée: «Nous sommes plus rigoureux par rapport à notre catalogue, plus attentifs aux contraintes économiques – en amont et dans l'accompagnement des livres sur le marché.» Des classiques (Corinna Bille, Robert Walser, Ramuz) aux découvertes (Albertine et Germano Zullo, Haydé et son Milton...), en passant par les traductions et ses fameux imagiers, La Joie de lire a tracé dans le paysage éditorial un chemin original, éclectique, ouvert. «Nous recevons des textes variés, des images extraordinaires, tout est possible, explique Francine Bouchet. Nous ne sommes fermés à rien.»
Une liberté qui a porté ses fruits: les livres de La Joie de lire ont été récompensés par de nombreux prix, ses collections s'enrichissent régulièrement. Elle publie aujourd'hui 50 titres par an – une trentaine de nouveautés et des rééditions.
Cet automne, elle lance notamment la collection «De ville en ville», albums documentaires sur des cités du monde découvertes à travers le regard d'un enfant. On attend aussi les nouvelles livraisons de la collection Rétroviseur, dont La Vallée de la jeunesse d'Eugène. Enfin, Under ground, magnifique album de la Japonaise Shimako Okamura qui met en scène une taupe, fera l'objet d'une exposition au Muséum d'histoire naturelle pendant la Fureur de lire.