COMMEMORATION  Plus de 50 événements marqueront le tricentenaire du citoyen de Genève. La Ville a lancé officiellement les festivités hier.

 

 

Le programme donne le tournis. Expos et spectacles, concerts, colloques, films, banquets républicains et promenades pour rêveurs, solitaires ou non: il y en aura pour tous les goûts et tous les publics, spécialistes ou non, jeunes et moins jeunes. En tout, une cinquantaine d’événements sont prévus jusqu’au 12 décembre dans une trentaine de lieux à Genève.

«Relire Rousseau, c’est revenir à certains fondamentaux qui font, aujourd’hui, pleinement sens: la souveraineté du peuple, le droit à la dignité et la solidarité humaine ne doivent pas rester de vains mots», a déclaré Sami Kanaan, conseiller administratif en charge du Département de la culture et du sport en Ville de Genève, lors de la conférence de presse qui ouvrait les festivités du tricentenaire «2012 Rousseau pour tous».

 

Musique et politique

L’auteur de La Nouvelle Héloïse, d’Emile ou de l’éducation et des Confessions a marqué les domaines de la philosophie et de la pédagogie, du roman, de l’autobiographie, de la réflexion politique, mais aussi de la musique ou de la botanique. Ce sont ces différentes facettes d’une pensée toujours actuelle et riche de ses contradictions  que dévoileront les événements choisis par la Ville de Genève à la suite de son appel à projets lancé en 2007: sur plus de 300 projets reçus, elle a retenu une trentaine d’initiatives émanant d’acteurs culturels des scènes locales et internationales, auxquels s’ajoutent une vingtaine de projets institutionnels. Le budget des activités culturelles de «2012 Rousseau pour tous»  se monte à 3,2 millions de francs.

Les célébrations démarrent en musique avec trois soirées «Intermèdes» au Grand Théâtre les 27, 29 et 31 janvier: Jean-Marie Curti y dirigera Le Devin du village et La Serva padrona dans une mise en scène d’Ivo Guerra. Autre événement musical phare, la création mondiale de l’opéra de Philippe Fénélon JJR (citoyen de Genève), sur un livret de Ian Burton et dans une mise en scène de Robert Carsen, en septembre au Bâtiment des Forces motrices.

Plusieurs événements sont prévus le 28 juin, jour anniversaire de Rousseau; signalons le spectacle L’Ombre des Lumières, fiction historique mêlant théâtre, musique et «cinéma instantané» qui investira le féerique Parc La Grange.

 

Relations houleuses

Entamés en 2011, les banquets républicains se poursuivront jusqu’en juin. Prochain rendez-vous: «Du théâtre dans la cité à la société du spectacle», accueilli par la Comédie. Celle-ci proposera en novembre L’Affaire Rousseau (texte de Denis Guénoun, mise en scène d’Hervé Loichemol), sur les vives réactions que suscita à Genève la publication du Contrat social et de l’Emile.

Côté expos, «Vivant ou mort, il les inquiétera toujours» retrace les relations tumultueuses de Rousseau à son public (dès le 20 avril, Bibliothèque de Genève, Institut et Musée Voltaire et Fondation Bodmer). L’annexe du Musée d’ethno à Conches explorera le thème de l’inégalité, également au cœur du concours de rhétorique qui rassemblera pour sa finale plus de 300 élèves de Genève, Vaud et France voisine au Salon du livre le 27 avril.

 

Avec Stephan Eicher

Plusieurs événements prendront la forme de promenades. Ainsi le parcours audio-guidé réalisé par Stephan Eicher, qui s’est inspiré de la cinquième Promenade des Rêveries du promeneur solitaire (à télécharger sur le site des festivités ou sur l’Ile Rousseau), ou encore le «Safari Rousseau» organisé en février par le Festival Antigel.

A l’Ilot 13, l’Ilot Rousseau propose dès le 1er mai des rendez-vous pluridisciplinaires pour aborder cette œuvre foisonnante – bals, théâtre, concerts, conférences ou installations. Les Fêtes de Genève, elles, seront le cadre d’une insolite Sprint Cup Rousseau, régate qui opposera des équipes de Genève, France et Saint-Pétersbourg... Notons que la Ville de Genève a tissé des partenariat avec des manifestations dans le monde entier – en France voisine bien sûr, mais aussi à New York, Saint-Pétersbourg et Sao Paulo.

Enfin, colloques et publications donneront l’actualité de la recherche. L’université de Genève propose toute l’année les cours publics «Penser avec Rousseau», tandis que la BGE lui consacre ses conférences du jeudi midi. Son riche fonds Rousseau est inscrit depuis mai 2011 au patrimoine immatériel de l’Unesco – une plaque commémorative a été inaugurée hier dans le hall de l’institution.  

Sur l’Ile Rousseau rénovée, un espace d’information temporaire renseignera le public durant toute l’année sur les manifestations du tricentenaire. Y sera également projetée «La Faute à Rousseau», série qui réunit des courts-métrages de cinéastes reconnus et d’étudiants d’écoles de cinéma venant de tous les coins du monde. Ces projections seront accueillies dès le 1er février à l’Arcade de la Maison de Rousseau et de la littérature, inaugurée le 31 janvier en Vieille-Ville.

 

Programme complet: www.rousseau2012.ch

http://www.lecourrier.ch/rousseau_proteiforme