L'Union européenne a décidé de couper les subsides aux collèges de traduction en Europe, s'inquiète le Conseil européen des associations de traducteurs littéraires (CEATL) dans un communiqué relayé par l'Association des autrices et auteurs de Suisse (AdS).

 

Ces «maisons de traduction» permettent aux professionnels de séjourner dans les pays de leurs auteurs, de participer à des projets de formation continue ou simplement de se concentrer sans autres obligations sur leur travail pendant un certain de temps. Basé à Bruxelles, le CEATL rassemble 25 associations de traducteurs littéraires (dont l'AdS), représentant 21 pays européens. Il dénonce une décision «en contradiction flagrante avec l'idée même de l'Europe, entité multilingue et multiculturelle où le travail des traducteurs littéraires est à la base de toute compréhension mutuelle, non seulement dans les belles lettres mais dans la philosophie, les sciences, les beaux-arts, le cinéma et le théâtre». Les sept collèges de traduction concernés sont en train d'imaginer une action collective afin de ne pas perdre leurs subventions. «L'idée de traduction est à la base de l'idée européenne», souligne Nicole Pfister Fetz, secrétaire générale de l'AdS. Noyaux concrets du dialogue interculturel, les collèges de traducteurs doivent donc être soutenus sans conditions par l'UE. «Il n'y a qu'à voir les problèmes que traverse la Belgique pour comprendre l'importance du dialogue entre langues et cultures.» Pour Nicole Pfister Fetz, les impératifs d'économies qui ont mené à cette décision restent difficiles à comprendre. D'autant que l'UE a proclamé 2008 «année du dialogue interculturel», et consacrera un grand symposium à la traduction littéraire comme manifestation privilégiée de ce dialogue début 2009... L'UE dispose d'un budget de traduction interne estimé à un milliard d'euros et, dans son programme «Culture 2007-2013», d'un budget annuel de plus de 400 millions d'euros pour la culture. «Nous craignons que la décision européenne ne fragilise les maisons de traduction en Suisse», continue la secrétaire générale de l'AdS. Alors que le travail des traducteurs est extrêmement exigeant, leur rémunération reste précaire – contrairement à celles des traducteurs techniques ou scientifiques et des interprètes. Cet automne, l'AdS organisera une table ronde interne pour analyser leur situation et imaginer des actions à prendre au niveau politique afin d'améliorer la reconnaissance de leur statut.

 

http://www.lecourrier.ch/l_europe_laisse_tomber_les_traducteurs_litteraires