MIGRATIONS (III) En Suisse romande, nombreux sont les écrivains qui se situent à la croisée de plusieurs cultures. Comment ce métissage transforme-t-il la langue et enrichit-il la littérature?

 

Le passage d’une culture à l’autre s’accompagne le plus souvent aussi d’un changement linguistique, d’un éloignement de la langue maternelle en faveur d’un idiome étranger qu’il faut apprivoiser et habiter. Pour les écrivains, ce passage n’a rien d’anodin et influence leur pratique de manière fondamentale. Comment négocient-ils cette «migration» d’une culture à une autre, cette nouvelle identité à cheval entre les expressions? Comment la langue d’origine transforme-t-elle l’écriture? Quel apport à la littérature? Car cet inconfort dans le bilinguisme devient terrain d’expérimentations et source de fécondité littéraire: il s’agira d’inventer une langue à soi, une poétique originale qui reflète cette double appartenance.

Ces questions connaissent des déclinaisons multiples selon les pays et le projet littéraire singulier de chaque auteur. Elles se sont également posées avec acuité dans les contrées confrontées à une domination linguistique. Le Canada a ainsi joué un rôle précurseur, tant sur le plan théorique qu’en termes d’expérimentations avec le plurilinguisme. La Québécoise Lise Gauvin a inventé le concept de «surconscience linguistique» propre aux écrivains francophones, davantage conscients de leur pratique: minoritaires, ils sont obligés de penser la langue, ce qui en fait un laboratoire de création et entraîne un éloignement du modèle linguistique dominant vécu de façon complexée.  

Pour les auteurs issus des anciennes colonies, la question du choix de la langue d’écriture et son appropriation ont pris des dimensions politiques et éthiques brûlantes. Chantres de la créolité, Aimé Césaire, Patrick Chamoiseau, Raphaël Confiant ou Edouard Glissant ont renouvelé le français et contribué à la reconnaissance de la littérature dite «francophone». Pourtant, en France, cette étiquette désigne toujours un genre à part, périphérique par rapport à un centre parisien dont elle est une «variante exotique tout juste tolérée». C’est ce que dénonçaient en 2007 les auteurs signataires du manifeste Pour une «littérature-monde» en français, appelant à une «littérature-monde en langue française consciemment affirmée, ouverte sur le monde, transnationale».

Contrairement à une France très centralisée, la Suisse est formée d’une constellation de langues et de cultures qui empêche l’identification entre langue et nation. Corollaire: une grande ouverture à la circulation des langues, qui se reflète dans une littérature où la contamination linguistique a trouvé de multiples déclinaisons. C’est ce que montre brillamment Muriel Zeender Berset dans Ecrire entre les langues. Littérature romande et identités plurielles, thèse publiée en 2010 chez Slatkine. Entretien.

Le métissage entre les langues occupe une place importante dans la littérature romande. Comment l’expliquer?

Muriel Zeender Berset: Plusieurs facteurs  ont contribué à créer un climat où le mélange des langues est non seulement possible, mais aussi valorisé. La Suisse est plurilingue et différentes entités culturelles y cohabitent, elle a donc une sensibilité plus grande à l’altérité. En tant que ­petit pays, elle regarde forcément vers ses voisins, étrangers ou helvétiques, et c’est traditionnellement une contrée de grands voyageurs.

Vous avez montré dans Ecrire entre les langues comment les revues littéraires romandes ont contribué à valoriser la circulation entre les langues et le multiculturalisme.

– En effet. Mais pas seulement elles: entre 1991 et 1998, le Nouveau Quotidien a prôné cet esprit d’ouverture, qui était d’ailleurs son slogan. Ce journal militait pour le métissage sous toutes ses formes et faisait entre autres l’éloge du plurilinguisme et des langues étrangères. Il vaut peut-être la peine que je rappelle le point de départ de mon étude. Ramuz avait inventé une langue inspirée du parler des paysans vaudois, une langue-geste qui a suscité l’hostilité de l’Académie française – et de la Suisse. Hormis quelques critiques éclairés, tous l’ont accusé de ne pas savoir écrire. Or l’impulsion ramuzienne a renouvelé la langue française. Il est aujourd’hui entré dans la Pléiade, porté par les institutions et par la critique. Comment est-on passé d’un tel rejet à cette valorisation impressionnante?

On peut suivre cette évolution à travers la ­lecture des revues en Suisse romande, qui ont à la fois reflété et généré ces changements, dans un cercle vertueux. Ceci par différents biais, thématiques autant que stylistiques: volonté de briser les frontières entre les arts, valorisation de l’ouverture et du voyage, intérêt pour les autres langues et pour la littérature suisse alémanique et italienne, attention à la traduction... Les revues ont peu à peu transformé le climat vers une plus grande ouverture, qui a rendu possible le dialogue des cultures et des langues. Le changement a aussi été porté par des institutions, avec la création du Centre de traduction littéraire notamment.

Pour les écrivains, que permet le détour par la langue d’adoption?

– Tous ceux qui écrivent au carrefour des langues évoquent une prise de distance, un écart d’avec l’origine. Pour l’anglophone Nancy Huston par exemple, écrire en français est un double éloignement, une manière de rendre ses pensées «deux fois étranges, pour être sûre de ne pas retomber dans l’immédiateté, dans l’expérience brute sur laquelle je n’avais aucune prise», écrit-elle dans Lettres parisiennes. Histoires d’exil. Pour elle, cette distanciation est constitutive de la littérature. En mettant la langue maternelle à distance, l’auteur plurilingue semble cristalliser le travail de réflexion de tout écrivain, pour lequel c’est cet écart qui donne la parole. La prise de distance permet de réinvestir le réel avec un projet esthétique personnel, libéré de certains automatismes.

On retrouve ici la théorie d’Adrien Pasquali...

– Je reste émerveillée par sa culture ­immense et la force de son propos. Né en Suisse de parents immigrés italiens, il se sent privé de racines et se construit sur cette faille identitaire. En 1996, dans Langue et littérature en Suisse romande, il formule les trois étapes nécessaires à l’élaboration d’un «lieu de parole»: prise de distance par rapport à l’origine, médiation esthétique et recomposition originale de l’origine. Il a décliné ces préoccupations de façons différentes dans chacun de ses livres.

Eloge du Migrant est sous-titré E pericoloso sporgersi: ici, ce n’est pas du train qu’il est dangereux de se pencher, mais à l’intérieur de soi-même, sur ce schisme identitaire très douloureux depuis toujours. Dans son premier texte, Qui je lis, publié par la revue Ecriture, Adrien Pasquali utilise l’italien et l’anglais, cherchant sa voix au travers de la langue étrangère. Afin de se construire, il cherchera sa patrie dans la littérature. Le premier volume de son autobiographie fictive, L’Histoire dérobée, est un pastiche d’auteurs romands: c’est à travers la langue des autres qu’il dit son histoire. Eloge du migrant montre les allers-retours constants d’un saisonnier, condamné à osciller entre deux patries: la structure cyclique du livre fait écho à ce ballottement perpétuel, tandis que Pasquali introduit des italianismes dans le français pour dire l’intime et tout ce qui est perdu. Comme pour tenter de fusionner deux identités à jamais séparées et retrouver une unité perdue. Il tentera ainsi différents procédés sans jamais s’en satisfaire. C’est quand il commence à traduire qu’il semble s’apaiser, et choisit le français.

Quel rôle ont joué ses expérimentations et son regard critique en Suisse romande?

– Pas tous les auteurs l’ont lu, bien sûr, son écriture difficile n’en fait pas un écrivain grand public. Mais il a ouvert le terrain de jeu immense de la langue, où chacun trouvera ensuite son expression propre. C’est ce qui est fascinant: tous le font différemment, et pour dire autre chose. Les possibilités sont infinies. Jouer entre les langues peut être une manière d’évoquer la condition des migrants, de distiller de l’émotion, c’est parfois un jeu de mise à distance qui permet de se désolidariser de certaines choses – pour les critiquer ou les souligner –, ou encore une manière de rendre le souffle de la langue maternelle dans le français sans forcément utiliser des mots étrangers.

Qu’est-ce que ce multilinguisme demande au lecteur?

– Il est invité à refaire le trajet de l’écrivain, à s’ouvrir lui aussi à l’ailleurs, à accueillir l’étrange.

Les auteurs romands jouent avec l’italien, l’anglais, l’allemand... des langues qui font finalement partie de notre environnement culturel proche. Comment l’expliquer?

– Je me pose la question. Ces auteurs osent-ils jouer avec leur langue maternelle car les lecteurs vont les comprendre? Ou alors ces langues sont-elles plus légitimes dans notre contexte sociopolitique? Cela pourrait évoluer: les immigrés sont de plus en plus nombreux et ceux qui écrivent pourraient être tentés par le métissage des langues. A l’époque où Agota Kristof est arrivée en Suisse, à la fin des années 1950, on demandait aux migrants de s’assimiler et ces jeux plurilingues n’étaient pas envisageables. Adrien Pasquali le décrit très bien dans Le Pain de silence: il ne fallait pas parler fort, rester discrets, renoncer à sa culture et à sa langue d’origine. C’est peu à peu qu’a été permis et valorisé le cumul des identités, perçu dès lors comme un atout, une richesse. Aujourd’hui, je pense que la porte serait ouverte à la présence d’autres langues dans le français.

Qu’apportent ces métissages à la littérature?

– En proposant des jeux inédits avec le langage, en s’affranchissant de l’académisme, les périphéries enrichissent beaucoup la langue littéraire. Il n’y a qu’à voir à quel point sont différents les écrits de Pasquali, de l’Ivoirien Ahmadou Kourouma ou du Martiniquais Patrick Chamoiseau. En Suisse romande, le Roumain Marius Daniel Popescu, le Camerounais Max Lobe ou le Tessinois Daniel Maggetti ont des univers singuliers en lien avec leur langue d’origine. Ce terrain de jeu ouvre des perspectives infinies – même si ce n’est bien sûr pas la seule façon d’écrire. Le renouvellement de la langue en Suisse romande est intéressant, vif, en tension. On a le droit de «mal écrire». Le complexe romand face à la France est d’ailleurs tombé: les auteurs d’ici se réclament écrivains avant tout, point.

Vous évoquez l’aspect positif de la multiculturalité, mais le public la perçoit-il toujours ainsi? Les postures de repli et de méfiance sont nombreuses.

– C’est difficile à dire. Il y a toujours eu des mouvements de peur et de retrait, mais dans notre société interconnectée je pense que le mouvement va vers l’ouverture. On est relié au monde, tout est décloisonné, les migrations sont importantes et les échanges vont vite. Il y a un vrai engouement pour la littérature étrangère, on lit de tout, le monde est ­caractérisé par l’éclatement et le droit de tout expérimenter; il n’y a plus de famille d’écrivains ni d’écoles se réclamant de telle grande figure. Dans ce monde de plus en plus hétérogène, la domination culturelle d’un centre unique laisse la place à des centres multiples qui échangent et se nourrissent mutuellement.

 

Entre les langues, des combinaisons infinies

En Suisse romande, nombreux sont les écrivains dont la pratique est infusée par leur double culture. Qu’ils viennent de Roumanie (Marius Daniel Popescu, Eugène), de Tunisie (Rafik Ben Salah) ou du Tchad (Noël Nétonon Ndjékéry), de Suisse alémanique ou ­italienne, tous ne jouent pas entre les langues. Mais leur dialogue avec les origines fait la singularité de leur voix. Echantillon.

 

Pierre Lepori

Journaliste à la RTS, traducteur, poète et romancier, Pierre Lepori est arrivé en Suisse romande il y a dix-huit ans en tant que correspondant pour la Radio suisse italienne. Après plusieurs livres publiés en italien, le français est peu à peu devenu suffisamment important pour qu’il soit tenté de s’autotraduire. Le pas est franchi avec Sexualité: écrit en italien, traduit par lui en français et en allemand par Jacqueline Aerne, le roman paraît en 2011 simultanément dans les trois langues – puis en version trilingue, où chaque personnage parle sa langue. «S’autotraduire est pour moi une posture presque philosophique: je me suis rendu compte que le geste de traduire dans une langue qui n’est pas la sienne déstabilise beaucoup de certitudes. La traduction ne peut pas être fidèle. Je m’inscris dans une démarche queer, qui révèle l’incertitude, le balbutiement: je ne maîtrise pas tout à fait le français, mais ce manque fait justement surgir autre chose.» La langue maternelle n’est ni unique, ni naturelle, ni figée. Tout comme la langue acquise, elle évolue selon les accidents de la vie. «Sur les épreuves de Grisù, mon éditeur italien avait souligné tous les gallicismes: mon italien avait évolué.» Pierre Lepori revendique la dimension politique de ce travail sur la langue. «C’est dire l’ouverture contre le génie des peuples et des langues. 50% de la population mondiale est bilingue, mais on préfère ne pas le voir: cela implique qu’il n’y a pas de coïncidence entre une nation, une terre et une langue, une vision nationaliste et datée qui sert surtout à refouler les migrants.»

 

Daniel Maggetti

Si peu de mots étrangers subsistent dans les romans de Pierre Lepori, ce n’est pas le cas des livres de Daniel Maggetti, écrits en français et traversés de termes latins et tessinois. Né au Tessin, directeur du Centre de recherche sur les lettres romandes à Lausanne, l’auteur de La Veuve à l’enfant (à paraître en septembre) voit cela comme «la moins pire des solutions». «J’ai d’emblée écrit sur des éléments liés au Tessin. Or certains n’ont pas d’équivalent en français, ils ont une connotation très forte qui n’est pas transposable telle quelle. J’ai donc conscience de l’impossibilité du langage à rendre entièrement compte d’une réalité, et mon dialogue entre les langues part d’un constat d’échec: impossible de transmettre ce que je veux jusqu’au bout.» Au-delà du sens, le lecteur saisit la musique de ces parties irréductibles, issues du ­registre régional. Or s’il est fréquent de trouver des expressions sardes ou siciliennes en italien, ces dérogations linguistiques sont plus difficiles en français, reconnaît Daniel Maggettti. «Mais nous avons la chance de vivre dans un contexte où ces mélanges sont possibles et ne choquent pas. Cela ne passerait pas en France.»

 

Silvia Ricci Lempen

Née dans une famille italienne à Rome, Silvia Ricci Lempen a grandi dans les deux langues, puisqu’elle a fait toute sa scolarité à l’école française de la capitale. Arrivée à Lausanne, elle adopte le français comme langue d’écriture pour ses écrits théoriques et son métier de journaliste. Son premier ouvrage littéraire est l’autobiographique L’Homme tragique, un livre sur son père écrit en français «pour prendre une distance face à des événements survenus en italien». Après plusieurs romans en français, elle ressent le désir d’écrire en italien. Une petite phrase du poète Pietro de Marchi a fait office d’électrochoc: «Je crois que si tu n’as pas écrit dans ta langue maternelle, c’est que c’était ta langue paternelle et que tu voulais la rejeter», lui dit-il. «J’étais en train d’écrire un livre sur mon adolescence dans les années 1960 et n’en étais pas satisfaite. Je l’ai aussitôt entièrement réécrit en italien et ça a été une expérience extraordinaire.» Paru en Italie, Clara Clarissa sera bientôt traduit en français.

Silvia Ricci Lempen se lance alors dans un projet un peu fou qui rassemble les fils des deux langues: un roman en cinq parties, deux rédigées en italien, trois en français, reflétant la pensée de cinq jeunes femmes. Elle les traduira ensuite dans l’autre langue, pour deux volumes distincts. «Il ne s’agit pas d’autotraduction mais d’adaptation. Chaque version racontera la même histoire mais elles ne seront pas identiques: je ne peux pas dire les mêmes choses en français et en italien, qui sont très différents malgré leur parenté lexicale. Le français est plus souple, il permet des méandres, des phrases plus longues. C’est du patinage artistique, tandis que l’italien est de la sculpture sur glace: il coupe, éclate, la langue est plus sèche et dure, plus expressive parfois. Le rythme n’est pas le même. J’écris donc différemment selon la langue.»

 

Heike Fiedler

Poétesse née en Allemagne et établie à Genève depuis plus de vingt ans, Heike Fiedler construit une œuvre à la croisée de la performance, de la musique, de la vidéo... et des langues: ses textes jouent musicalement et graphiquement avec le français, l’allemand, l’anglais et le russe. Un mélange qui reflète son expérience, germanophone soudain plongée dans une langue étrangère qu’elle tente de s’approprier. «Prendre des distances avec les langues me permet d’entrer dans un jeu de construction. La représentation du monde passe ici par un rapport très concret à la langue, prise dans sa matérialité. Un son m’amène d’une langue à l’autre, et leur mélange multiplie le sens. ‘Je me sens’ peut rapidement dériver vers ‘mensonge’, et un univers s’ouvre.» L’oralité est ainsi centrale dans son travail. Elle a aussi été un moyen d’exister, alors que les maisons d’édition francophones ont longtemps refusé ses textes, frileuses devant leur aspect expérimental. Mais «tout s’est assoupli et les lecteurs sont plus ouverts, brassage des populations oblige». C’est en français qu’elle a écrit Monde d’enfa()ce, à paraître en septembre, texte en prose qui retrace son chemin vers l’écriture.

 

Max Lobe

Né au Cameroun, Max Lobe est arrivé en Suisse pour étudier il y a bientôt douze ans, et vit à Genève après un détour par le Tessin. «Le français est ma langue maternelle, précise-t-il. Celui du Cameroun, où coexistent 270 dialectes. Personne ne parle un ‘pur français’. C’est le camfranglais qui m’influence, une langue mélangée qu’on entend beaucoup dans la rue. Je parle aussi bassa, lingala, anglais, allemand...» Il a été bercé par les contes et la littérature africaine, qui possèdent un rythme propre et une façon particulière de composer les phrases. «Les danses folkloriques des ­tribus bantoues dans la forêt n’ont pas le même rythme que les danses de salon en Europe...» La singularité de sa prose tient à ce tempo qu’il tente de restituer, combiné à un langage imagé. Quant aux mots doublés, ce n’est pas une spécificité camerounaise: «Ici, on dit bien ‘c’est pas joli-joli’! Et au Tessin, il est fréquent de doubler des mots à l’oral.» Et de saluer Ramuz, génial précurseur du travail sur l’oralité en littérature. «Malgré cela, certains pensent que je connais mal le français... Je fais au contraire un travail immense sur la langue pour éviter le folklore et trouver la formule juste, qui sera aussi comprise par le lecteur occidental.» APD

Les cinq écrivains qui témoignent ci-dessus ont été publiés dans notre rubrique d’Inédits d’auteurs suisses: retrouvez-les sur www.lecourrier.ch/auteursCH

Lire. Muriel Zeender Berset, Ecrire entre les langues, Littérature romande et identités plurielles, Ed. Slatkine, 2010, 351 pp.

http://www.lecourrier.ch/131384/d_une_langue_a_l_autre

Cet article fait partie de la série d'été 2014 du Courrier, consacrée aux migrations vues sous l'angle culturel.