POLITIQUE Le discours de l'UDC joue sur les idées reçues. Face au silence des autres partis, des artistes et des écrivains ont commencé à répondre au populisme de manière créative, souvent avec humour. Réactions d'Oskar Freysinger.

 

 

«La communication politique doit être simple et idiote. C'est ce qui marche.» Conseiller national UDC et écrivain, le Valaisan Oskar Freysinger sait de quoi il parle: son parti excelle quand il s'agit de lancer des pavés dans la mare médiatique. Pour exister, il faut faire parler de soi, en bien ou en mal. «Plus on frappe fort et plus c'est efficace, estime M. Freysinger. On lâche donc un gros morceau polémique pour faire réagir le système, pour réveiller les esprits avachis par la surenchère médiatique. Forcer le trait est notre stratégie de communication.» Une stratégie payante: avec ses experts publicitaires et ses moyens financiers, le parti d'extrême droite suisse a des années d'avance en termes de communication politique. En face, ses adversaires semblent paralysés. «Le combat politique est à mener sur le front du langage, analyse Karelle Ménine, auteure, artiste et journaliste. Le populisme fonctionne sur des travers de langage mis en avant à la manière de slogans publicitaires, qui jouent sur les idées reçues et le racisme commun.» Il s'agit de mettre en lumière ces idées reçues, auxquelles on ne fait plus attention, afin de les rendre conscientes et de pouvoir les combattre.

Certains artistes et écrivains ont commencé à relever le défi, usant des armes de la créativité et de l'humour, de la provocation parfois. «L'UDC a une stratégie globale concernant les médias et la culture en Suisse», explique l'écrivain bâlois Martin R. Dean, l'un des fondateurs de l'association Art + Politique. «Ce parti ne veut pas simplement gagner les élections, mais aussi dominer le discours. Il nous semblait donc important de rompre le silence, de participer à la construction du discours.» Lancée au printemps dernier en Suisse alémanique, dans la foulée de la votation sur l'interdiction des minarets, Art + Politique est une plate-forme et un réseau qui suscite des actions artistiques en relation avec des thèmes politiques. «Nous ne sommes pas un groupe politique, nous agissons de manière créative», précise encore M. Dean. Art + Politique s'est étendue aux autres régions linguistiques du pays et cherche à nouer des liens an Allemagne et en France.

 

«Les attaquer sur la forme»

Depuis un an, l'association s'est fait connaître par plusieurs actions. Dernières en date: des courts-métrages contre l'expulsion des criminels étrangers et l'«Appel des 100», des textes de créateurs suisses contre l'initiative. Mais aussi une lettre ouverte au président de l'UDC Toni Brunner et à Christoph Mörgeli, auteur du programme 2011-2015 du parti, qui dévoilait mi-décembre sa vision des médias et de la culture. Un chapitre intitulé «La culture est l'affaire de la culture», qui épingle nommément trois «artistes d'Etat cajolés». «La liste me semble très incomplète», dit la lettre d'Art + Politique, signée à ce jour par 239 personnes. «Moi aussi je suis un artiste d'Etat cajolé et chouchouté. Puis-je vous prier de bien vouloir me faire figurer dans le programme de votre parti?» L'humour a fait mouche et l'action, relayée par les médias, s'est taillée une belle visibilité.

«Pour combattre le fond, il faut les attaquer sur la forme», selon Karelle Ménine. Réagissant à l'image par l'image, elle a courageusement détourné l'une des affiches de l'UDC contre l'initiative «Pour la protection face à la violence des armes». Celle qui montre le président des Jeunes UDC-Genève posant nu, une arme entre les jambes, avec le slogan «Ne démantelons pas la milice». «Chacune de leurs campagnes d'affichage m'a révoltée, explique-t-elle. C'était celle de trop. Quand je l'ai vue, j'ai attendu trois semaines afin de voir s'il y avait des réactions. Rien. J'ai voulu répondre en jouant sur le même langage visuel, avec un message simple: coupons court aux idées reçues. Il faut d'abord déraciner ces idées, refuser qu'elles s'enracinent; ensuite, on peut commencer à parler.» Car l'UDC expédie en trois petites phrases le débat, pourtant intéressant, sur les armes à la maison.

«Nos affiches forcent le trait, mais tout le monde les a vues et en parle», reconnaît Oskar Freysinger. «Le but est atteint. Qu'ils soient d'accord ou non, les gens sourient», dit-il, faisant allusion à une affiche de l'UDC-Valais contre cette même initiative: une photo de Micheline Calmy Rey avec le slogan «Les femmes de gauche aiment les gros calibres». Ainsi, sans entrer dans le fond du sujet, le parti avance d'autres idées – certaines valeurs typiquement suisses, ce que c'est que d'être un homme, une femme, un citoyen, un criminel...

C'est ces idées qu'il s'agit de mettre à jour. Si ses adversaires politiques peinent à répondre à l'UDC, c'est souvent parce qu'ils n'arrivent pas à déjouer les pièges de son discours: ils ne distinguent pas le fond des idées reçues et se laissent prendre par les slogans qui jouent sur le sens commun. C'est particulièrement flagrant lors des débats télévisés, où les mots clés sont plus efficaces que les longs discours. «Je sais comment gagner un débat TV, raconte Oskar Freysinger, et cela n'a rien à voir avec le développement d'idées intelligentes et argumentées: les émissions du type Infrarouge sont des spectacles médiocres où il est impossible de développer des idées nuancées.» Les élites de l'UDC excellent par ailleurs souvent dans l'art de détourner la conversation, remarque Karelle Ménine. «Quand on leur pose des questions précises ou qu'on formule une pensée argumentée, il n'y a soudain plus personne en face: ils ne répondent pas aux questions, afin de dire ce qu'ils veulent.»

 

La «vraie culture» selon l'UDC

Autre exemple de discours non construit sur des arguments ou sur l'analyse précise d'une situation réelle, mais sur des slogans et des poncifs: le nouveau programme de l'UDC. Sous la plume de Christoph Mörgeli, la vision du parti d'extrême droite tient en trois petites pages, synthétisées ainsi sur son site internet: «La culture doit s'épanouir grâce à l'initiative privée et au mécénat qu'il s'agit de privilégier fiscalement. Les subventions publiques dans le domaine culturel favorisent la culture d'Etat et l'uniformité. Cette politique discrimine et désavantage la culture populaire. Il faut stopper ce développement.» L'idéologue du parti fait allusion aux «magouilles» et aux «copinages» en vigueur dans un domaine qui serait exclusivement aux mains de la gauche. Le privé doit donc prendre le relais afin de garantir une culture diversifiée et de qualité, selon le principe de l'offre et de la demande.

«Une production qui rate son public cible n'a pas de sens», écrit Christoph Mörgeli en langage marketing. Il dessine alors les contours de la vraie culture selon l'UDC: «Que ce soit le théâtre amateur, les chorales, les fanfares, les clubs de jodle, les troupes costumées ou même la musique traditionnelle, toutes ces formes d'expression n'ont qu'un seul but: créer quelque chose qui plaise au public et à ceux qui le pratiquent. L'essence même de la culture en somme.» Sur son site, l'UDC-Fribourg est encore plus explicite: nos édiles «préfèrent, et de loin, les cocktails de première où se pavane toute une faune de pseudo intellectuels snobinards, aux cantines populaires dans lesquelles se produisent avec ferveur nos choeurs et nos fanfares», écrit le parti, avant de réclamer... des installations sportives. La chorale est opposée à l'art contemporain, dans un système arbitraire d'oppositions binaires, où les deux termes s'excluent mutuellement.

 

S'habituer au pire

«En prétendant que tous les artistes et acteurs culturels sont à gauche, l'UDC opère une simplification qui lui permet d'instrumentaliser le discours sur la culture», dénonce Martin R. Dean. C'est de fait toute la culture que le parti instrumentalise. «Le développement de notre société mondialisée rend les gens nostalgiques, ils manquent d'utopies et idéalisent le passé, poursuit M. Dean. En Suisse alémanique, les mouvements folkloriques – jodle, fanfare – ont pris une ampleur incroyable depuis quelques années. Est-ce vraiment cela, la Suisse?» Cela permet en tous cas à l'UDC d'opposer culture «populaire» et «officielle», élitiste. Les élites du parti sont pourtant des gens instruits, relève M. Dean. Mais ces notions de folklore et de tradition populaire leur permettent de «redessiner la culture pour qu'elle serve leur discours patriotique et identitaire».

Ce n'est pas parce qu'un discours est simpliste qu'il ne faut pas y répondre. Au contraire. «Les pratiques discursives de l'extrême droite suisse ne sont pas uniquement des modes de fabrication du discours, selon Karelle Ménine. Elles viennent ancrer l'idée au corps du quotidien. L'y fondre jusqu'à l'invisible. Jusqu'à ce que le commun s'accommode du pire et qu'ainsi le pire, peu à peu, devienne non pas acceptable, mais accepté....» Le risque est bien de voir se banaliser un discours qui ne dérange plus et semble inoffensif. L'écrivain et pamphlétaire autrichien Karl Kraus (1874-1936) l'avait compris, qui refusait d'abandonner le terrain du langage aux populistes et épinglait ses dérives. «Il avait mis en garde contre l'appauvrissement du langage pendant les vingt ans qui ont précédé l'arrivée au pouvoir d'Hitler, rappelle Karelle Ménine. A l'arrivée du nazisme, le terrain était prêt.»

En Suisse, on s'est habitués à ces affiches qui vont toujours plus loin. Elles ne font plus scandale alors qu'elles choqueraient à Paris ou à Bruxelles, selon l'artiste, elle-même Française. «Il faut que les Suisses réalisent que l'UDC est la météo politique des extrêmes droites européennes. Marine Le Pen arrondit les angles de son discours, appliquant ce que fait l'UDC: adapter sa communication au projet politique qu'on veut faire passer.»

 

«On ne fait pas de bonne politique avec de bons sentiments»

Conseiller national UDC et enseignant d'allemand au gymnase à Sion, le Valaisan Oskar Freysinger se définit d'abord comme un écrivain. «Non, je ne suis pas un politicien qui écrit, mais bien un poète que le destin a précipité dans le monde clair-obscur des jeux de pouvoir et d'argent», note-t-il sur son site internet. Alors que la politique cherche selon lui à «restreindre le champ des possibles» et tente de donner des réponses, l'imagination laisse ouvertes toutes les possibilités, intéressée seulement par les questions – et la manière de les poser. Deux aspects contradictoires qu'Oskar Freysinger semble être parvenu à réconcilier. «Le regard que le politique en moi porte au monde est un regard littéraire, un regard poétique», écrit-il encore. Entretien.

 

En tant qu'enseignant de littérature et auteur, que pensez-vous du programme pour la culture de l'UDC?

Oskar Freysinger: Nous n'avons pas de problème à ce que les cantons et les communes soutiennent des projets culturels. Le hic, c'est que ces soutiens sont attribués de manière idéologiquement unilatérale depuis une trentaine d'années. Jusqu'aux années 1970, la droite dominait, à présent c'est l'inverse. Je suis obligé de publier mes textes sous un faux nom, sinon je suis systématiquement massacré. On m'a attribué le premier prix ex-æquo de poésie au Festival Rilke en 2009, à Sierre, lors d'un concours anonyme; quand la troupe de théâtre censée lire le texte a appris que j'en étais l'auteur, elle a refusé. Il faut faire allégeance à l'idéologie dominante, aux valeurs de gauche, partagées par tous. C'est parce que je n'ai pas voulu le faire que l'Association des autrices et auteurs de Suisse (AdS) m'a fermé ses portes en 2005 (il a alors intégré l'Association des écrivains serbes, ndlr). On muselle ainsi une partie de la culture.

 

Partagez-vous cette vision de la «vraie culture», réduite aux chorales amateurs, aux fanfares et au jodle?

– Si l'équité était mieux garantie entre la droite et la gauche, la position de Christoph Mörgeli (auteur du programme de l'UDC, ndlr) serait moins tranchée. Mais on a l'impression qu'on paye des impôts et une redevance pour se faire marteler le cerveau par des thèses marxistes. Anne Bisang tient les mêmes théories sur les ondes de la RSR que ce qu'elle pratique à La Comédie: je ne paye pas ma redevance pour écouter toujours ce même type de discours, j'aimerais entendre plus souvent un Pascal Décaillet par exemple.

 

Le document préconise d'enlever des moyens à l'Etat, accusé de pratiquer une culture de gauche et le copinage. Il oppose «culture populaire» à «culture officielle». De quoi parle-t-on?

– Il existe en effet des doublons, entre Présence Suisse et Pro Helvetia notamment, autant de chapelles soutenant la création artistique. Elles ont subventionné Thomas Hirschhorn, Pipilotti Rist ou l'installation de Christoph Büchel à Vienne, ce club échangiste... On soutient des artistes riches à millions et des oeuvres d'art d'une nullité consommée. Le reste est si morcelé qu'aucun artiste ne peut en vivre. Ils se soutiennent entre eux et sont dans les bons papiers les uns des autres, alors que je dois me cacher dans tous les contacts que j'ai avec ce système. Si j'étais membre du Parti socialiste, je serais fêté et glorifié. Je ne vais pas changer d'optique pour autant, au contraire: cela me donne de l'énergie. Reste que dire que tous les artistes sont de gauche est une fausse équation. J'en connais plusieurs qui partagent mes vues mais ne le diront jamais.

 

En quoi un marché libre permettrait davantage de diversité? La loi de l'offre et de la demande ne risque-t-elle pas au contraire de favoriser ce qui plaît au plus grand nombre?

– Grâce au marché libre, j'arrive à trouver un éditeur comme La Matze, qui va au-delà des aspects idéologiques et se pose en quelque sorte en philanthrope. Il ne me publie pas avec l'idée de rentrer dans ses frais. C'est un imprimeur qui a du courage et aucun problème avec mon nom, tout comme les Editions Xenia, de Slobodan Despot (dont l'épouse est députée de l'UDC-Vaud, ndlr).

 

Mais les subventions permettent aussi de faire baisser le prix d'une place de théâtre ou de l'entrée d'un musée...

– La proximité est une notion importante. Les communes et les cantons étant proches des acteurs culturels, il y a moins de risques de dilapider l'argent public avec une politique de l'arrosoir. Nous ne remettons pas en cause la fonction de subsidiarité de l'Etat fédéral. Il doit intervenir quand une institution est trop lourde pour un canton et que son rayonnement dépasse ses frontières – je pense à l'Opéra de Zurich, au Grand Théâtre de Genève. Mais il ne faut pas encourager la politique de la main tendue. Le libre marché force à être actif et dynamique. J'ai dû aller trouver un producteur à Hollywood pour mon scénario, j'ai développé une immense énergie grâce à la stupidité de mes adversaires. Et quand un texte vous habite, comme c'était le cas pour moi avec Le Nez dans le soleil, on l'écrit, quelles que soient nos conditions de vie. Nous ne voulons pas d'un Ministère de la culture: il s'opère automatiquement une sélection en fonction d'une idéologie centralisée, et c'est dangereux.

 

Pour en revenir au discours de l'UDC sur la culture, que pensez-vous de cette priorité donnée aux fanfares, au jodle, etc.?

– C'est une vision culturelle limitée, c'est un peu exagéré. Je suis d'abord un littéraire. Les scandales que j'ai provoqués ont toujours été basés sur une outrance verbale, jamais sur des faits. Je joue là-dessus et j'occupe une position à part dans le paysage politique. Je ne suis acheté par personne et ne fais partie d'aucun conseil d'administration. Je veux rester libre. Pourquoi donner de l'argent à quelqu'un qui se prétend artiste? On tue l'art si on le transforme en fonctionnariat. Hirschhorn et consorts ont toujours la main tendue vers la manne fédérale. Mais je comprendrais que l'Etat soutienne les artistes à leur début. On pourrait imaginer des aides de départ, comme on soutient les jeunes entrepreneurs.

 

Vous avez déclaré être intéressé par la fonction de ministre de la culture et de l'éducation en Valais. Votre programme?

– Il y a en Valais des institutions à soutenir, et le canton a son rôle à jouer. Nous n'avons pas d'infrastructures de l'importance d'un opéra, donc a priori pas besoin d'aide de la Confédération. Ma priorité à ce poste serait d'établir une égalité de tendances politiques, un équilibre à la fois dans les projets soutenus et dans la composition des commissions culturelles. ll n'est pas question de couper dans les budgets. Je ne sanctionnerai pas à gauche. En tant qu'enseignant, j'aborde davantage d'auteurs de gauche, comme Brecht. La qualité prime, il faut distinguer l'artiste et l'homme. Mais le problème des médias, c'est qu'ils s'intéressent à l'homme: le people et le sensationnel priment, au lieu de l'oeuvre.

 

Sur votre site, vous écrivez que «le regard du poète est forcément un regard d'amour, un regard de compassion». La politique de l'UDC n'encourage pas vraiment ces valeurs...

– Il est difficile d'être en même temps Antigone et Créon. C'est ma schizophrénie fondamentale. On ne fait pas de bonne politique avec de bons sentiments. En ce qui concerne les handicapés ou les requérants d'asile, il faut arrêter de donner des millions alors qu'il y a des abus. Si on laisse faire la gauche, en cinq ans la Suisse serait en faillite comme la Grèce. Nous faisons donc le contrepoids en forçant le trait à droite. Nous ne demandons pas le démantèlement de l'Etat, mais des réformes structurelles pour aider ceux qui en ont vraiment besoin. Il ne s'agit pas de haine de l'étranger, mais de colère contre nos dirigeants aveugles. C'est le politicien qui parle: je ne peux pas rester dans les conjectures, je dois choisir une voie et l'assumer ensuite. La politique est réductrice. Notre rôle est un peu celui du pater familia. La gauche, c'est l'oestrogène – elle compte d'ailleurs plus de femmes –, et la droite la testostérone: nous avons besoin l'un de l'autre.

 

Art + Politique.

- Sa 26 février 2011 de 14h à 17h, Art + Politique tient sa première Assemblée générale ordinaire à l'Institut littéraire suisse (Bienne).

L'actuel comité (Martin R. Dean, Mathias Knauer, Guy Krneta, Hans Läubli, Johanna Lier, Nicole Pfister Fetz, Samir et Ruth Schweikert.) se met à disposition pour une réélection et souhaite intégrer des personnes de Suisse romande. Candidatures ouvertes.

- A 19h, discussion publique au Théâtre de Bienne sur le thème «Les autres et nous – l'art dans une société interculturelle». A partir du livre de Mark Terkessides Interkultur.

Avec Jagoda Marinic (auteure, Stuttgart), Andrea Thal (médiatrice artistique, Zurich) et Ada Marra (conseillère nationale, Lausanne).

kunst-und-politik.ch

http://www.lecourrier.ch/contre_la_pensee_slogan