ÉDITION ROMANDE Dans «Les Batailles du livre», l’historien des médias François Vallotton dresse l’état des lieux inédit d’un milieu en pleine ébullition. Entretien et réactions.

 

 

Le monde du livre a beaucoup fait parler de lui ces dernières années. En mars 2012, le peuple suisse refusait la loi fédérale sur la réglementation du prix du livre. Mais elle était largement acceptée en Suisse romande, après une intense campagne pour le «oui» menée par les acteurs du livre et les politiques. Quelques semaines plus tard, la Commission de la concurrence (COMCO) condamnait les diffuseurs français en Suisse romande à de lourdes amendes pour leurs pratiques cartellaires – différents recours sont toujours pendants. Dans la foulée, les pouvoirs publics, sensibilisés à la question, ont réfléchi à des politiques de soutien mieux coordonnées, et plusieurs lieux dédiés au livre ont émergé: à Genève, la Maison de Rousseau et de la littérature a ouvert en 2012, la Maison du livre et du patrimoine sera inaugurée à Lausanne d’ici à 2016, et la Maison de l’écriture de Montricher, immense bibliothèque et centre culturel, devrait bientôt accueillir des écrivains en résidence. Autant de vitrines qui donnent une visibilité inédite aux lettres d’ici et d’ailleurs. Le phénomène Joël Dicker a par ailleurs mis en lumière l’existence d’une littérature romande vivante et dynamique, même si la majorité de ses auteurs restent méconnus du grand public.

C’est d’ailleurs tout le paradoxe romand: le petit territoire est extrêmement dense en librairies (150 enseignes, soit une pour 10 000 habitants, contre une pour 20 000 en France) et en maisons d’édition (une centaine, qui ont publié environ 1400 titres en 2012), ses habitants sont de grands lecteurs (10 millions d’ouvrages vendus chaque année), mais le monde du livre y est peu considéré, que cela soit de la part du public, des politiques ou des chercheurs. «Les études sur son histoire sont encore rares tandis que le chercheur est confronté à un déficit chronique de données économiques et statistiques pertinentes sur ce marché, telles qu’il en existe en Suisse allemande ou dans d’autres pays européens», écrit François Vallotton dans Les Batailles du livre. L’édition romande, de son âge d’or à l’ère numérique. Centième volume de la collection du Savoir suisse, l’ouvrage remédie à cette lacune en proposant un état des lieux clair et complet du marché du livre en Suisse romande et de ses spécificités culturelles, mis en regard avec une perspective historique plus large. Entretien avec son auteur, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Lausanne, qui a signé plusieurs ouvrages sur l’histoire de l’édition romande.

Comment est né le projet de ce livre?

François Vallotton: Il a démarré au moment où débutaient les débats autour du prix réglementé du livre, en 2005-2006. Ce devait être un ouvrage sur les enjeux du prix unique en Suisse, avec une mise en perspective internationale. Le débat s’est complexifié; on m’avait contacté d’abord comme expert externe, j’ai fini par reprendre le projet en le reconfigurant, mêlant état des lieux et vision historique. Ayant poursuivi l’enquête après la votation de mars 2012, la difficulté était de savoir quand s’arrêter. On était en pleine ébullition avec les attendus du rapport de la COMCO et la mise en place de politiques culturelles dopées par ­l’échec du prix unique dans les urnes. Les Batailles du livre s’insère dans cette dynamique.

Les collectivités publiques ont aussi ressenti ce besoin d’un état des lieux.

– En effet. Plusieurs enquêtes ont été mises en place en parallèle, sous l’égide de l’Office fédéral de la culture, des cantons ou de la Ville de Lausanne, dans une volonté d’y voir plus clair afin de mieux coordonner les soutiens au livre. Lausanne vient ainsi de rendre un rapport sur sa nouvelle politique en la matière. Comme Genève, elle se dotera d’un conseiller culturel au livre; elle soutiendra également les éditeurs, ainsi que les librairies pour leur volet culturel, lancera des bourses de création et un prix du public. Au niveau des cantons romands, les conférences des Départements de l’instruction publique sont en pleine discussion pour mieux coordonner la politique du livre, ce qui est une première. Enfin, alors que le Message 2012-15 sur l’encouragement de la culture de la Confédération parlait surtout du soutien à la lecture, son Message 2016-19 mentionne en priorité le soutien à l’édition, à la traduction et aux revues littéraires. A tous les échelons, on parle à présent d’une aide structurelle à l’édition, qui ne soit pas limitée à une subvention pour un volume mais irait à un catalogue sur le long terme.

C’est ce que fait Genève depuis plusieurs années, et vous évoquez d’ailleurs le «modèle genevois». Qu’est-ce qui explique cette avance?

– Au milieu des années 1990, le fameux Livre blanc des éditeurs genevois, un état des lieux critique de la profession, a débouché sur la création de la Commission consultative de mise en valeur du livre, qui réunit Ville, canton et professionnels. Le livre y est mis en avant dans ses diverses composantes, avec des représentants des différents maillons de la chaîne, afin d’élaborer des politiques de subvention spécifiques – bourses à l’écriture, soutiens aux éditeurs via des conventions et des aides ponctuelles, encouragements aux librairies pour leurs animations culturelles, etc.

Peut-on dire que les nouvelles priorités des collectivités publiques découlent indirectement de l’échec de 2012?

– Oui. Pendant la campagne pour le prix réglementé du livre, tout le monde avait reconnu qu’il fallait une politique plus volontariste de la part des pouvoirs publics, un autre type de régulation étant nécessaire en cas d’échec de la votation. Les acteurs du milieu se sont beaucoup mobilisés et le résultat du vote en Suisse romande montre que leur travail de sensibilisation a porté ses fruits. Il a aussi permis de mieux faire connaître le métier de libraire, de rendre clients et autorités attentifs aux enjeux de la chaîne du livre – ils ont compris que la question du prix ne se réduisait pas à la différence entre le tarif affiché en euros et celui en francs suisses, et ceci indépendamment des débats autour des conditions de travail chez Amazon.

Enfin, alors qu’on évoquait toujours l’édition de manière plutôt misérabiliste, on parle du livre de manière plus dynamique depuis deux ans, plus conquérante, si l’on peut dire. Le succès de Joël Dicker et les projets de lieux dédiés au livre montrent qu’il n’est pas un objet à muséifier mais qu’il est vivant. Cela change la donne, et ce signal est plus important que les chiffres de vente – même s’ils sont au cœur des préoccupations des libraires et des éditeurs.

Justement, la réalité reste difficile.

– L’année 2013 a marqué un léger progrès au niveau des ventes mais selon les derniers chiffres de Patrice Fehlmann, directeur de l’Office du livre1, 2014 s’annonce moins bien. Mais après une période très dure entre 2010 et 2012, où le franc fort et les tabelles des diffuseurs ont centré le débat de la votation sur la question du prix uniquement, et non sur la plus-value de la librairie, le moral des libraires est aujourd’hui meilleur.

Autre signe positif: les éditeurs historiques ont trouvé le moyen de garantir leur pérennité, ce qui n’était pas gagné. Zoé et L’Age d’Homme ont connu, dans des conditions différentes, un passage de témoin réussi. Enfin, plusieurs nouveaux petits éditeurs ont émergé, qui publient des livres singuliers pour l’édition francophone. C’est remarquable.

Que pensez-vous du récent rachat de Payot par son directeur Pascal Vandenberghe?

– Payot était «à acheter» depuis 2012, Lagardère Services souhaitant se dessaisir de son secteur de la distribution presse. On ne peut qu’être heureux de cette issue, qui garantit que Payot reste centré sur le livre. D’après ce qu’on a pu lire, une alternative possible aurait été la Fnac. Il y aurait eu alors un problème de position dominante. Par ailleurs, ses succursales s’approvisionnent directement en France, ce qui aurait fait peser une menace sur l’ensemble de la chaîne du livre en affaiblissant les diffuseurs – déstabiliser le système de distribution, qui permet aux libraires de commander des ouvrages en 48 heures et de rester concurrentiels face aux vendeurs en ligne, serait catastrophique!

Bref, la solution de Payot devrait être bien accueillie. Reste une grande inconnue: comment la maison va-t-elle évoluer? Sa rentabilité reste relativement faible et la collaboration avec les magasins Nature & Découvertes n’est pas une assurance tous risques. Comment maintenir l’acquis, avec un réseau de succursales imposant dont la rentabilité est très variable? Que deviendra l’enseigne de Chantepoulet, à Genève, après la nouvelle ouverture à Cornavin? Payot représente 32% du marché. C’est un acteur culturel important, historiquement ancré dans la région, son rôle dans la défense du livre et des auteurs romands est incontestable. Si Payot faiblissait, ce serait une menace pour l’équilibre de la chaîne.

Comme beaucoup de librairies, elle propose un nombre croissant de rencontres avec les auteurs: autre signe de l’évolution du monde du livre?

– Oui. La Suisse romande n’a pas la tradition de lectures du monde germanophone; les tournées des prix fédéraux de littérature changeront peut-être la donne. Or le monde littéraire ne se réduit pas au rapport entre auteur et lecteur via le livre, c’est aussi une communication directe, qu’on redécouvre, et que peuvent offrir les librairies, les bibliothèques ou les maisons de la littérature, contrairement à internet et au numérique. Les écrivains n’ont jamais été dans leur tour d’ivoire, mais aujourd’hui ces rencontres sont plus orchestrées. Le Livre sur les quais, à Morges, est un succès spectaculaire – deux ou trois têtes d’affiche côtoient une foule d’auteurs, dont 150 Suisses l’an dernier. Dans cette dynamique, le Salon du livre, jadis si peu convivial, a lui aussi repensé ses rencontres.

Aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, les ventes de livres numériques représentent respectivement 20% et 12% du chiffre d’affaires. En Suisse, on en est à 1%. Comment voyez-vous l’évolution du numérique?

– Difficile à prédire... On pensait qu’elle serait plus rapide, même en Europe, mais les ratios des ventes restent marginaux. Aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, on remarque malgré tout un tassement des ventes numériques. Je pense que le numérique va gagner en importance dans nos régions, car il ouvre des perspectives intéressantes. On entre dans une ère de complémentarité des supports et des contenus qui risque de durer – on éditera numériquement les encyclopédies et les livres «pointus» tandis que les petits livres de synthèse trouveront toujours leur déclinaison papier. La question de la pérennité du numérique n’a toutefois pas encore été résolue. Et numériser demande des moyens qui tardent à être débloqués.

Vous évoquez enfin les plaintes des éditeurs romands quant au traitement de la littérature dans les médias. Les auteurs suisses y sont-ils si mal lotis?

– Il faut avoir une vision nuancée par rapport aux plaintes récurrentes des professionnels. Beaucoup déplorent la diminution des pages littéraires et le fait qu’il y ait moins de critiques attitrés et plus de stagiaires, qui ne mesurent pas le cheminement d’un auteur. C’est vrai qu’il a existé historiquement de grandes plumes critiques: revers de la médaille, elles prenaient beaucoup de place, sans toujours résister au copinage. Reste que malgré sa situation déprimée, la presse papier et la radio se montrent globalement curieuses. Les débats portent surtout sur la place de la littérature à la télévision, où une émission de type Apostrophes n’aurait plus sa place. Reste que le rôle prescripteur des médias traditionnels s’est érodé. Il y a aujourd’hui beaucoup de canaux d’information différents, et un article dans la grande presse n’a qu’un effet marginal sur les ventes.

François Vallotton, Les Batailles du livre. L’édition romande, de son âge d’or à l’ère numérique, coll. Le Savoir suisse, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2014. 

 

«Il faut promouvoir la lecture»

Si éditeurs et libraires saluent le travail de François Vallotton et son regard d’historien sur une problématique actuelle, tous s’accordent à dire que leur situation est loin d’être rose. «On ne peut pas uniquement se réjouir des nouvelles politiques de soutien au livre: si elles sont nécessaires, c’est que le marché ne suffit plus», résume Gabriel de Montmollin, à la tête de Labor et Fides. La faute au recul de la lecture et à la surproduction éditoriale, selon l’éditeur, qui cite un chiffre impressionnant donné par le 1000e numéro de la revue professionnelle Livres Hebdo: en France, entre 1992 et aujourd’hui, le nombre de lecteurs a augmenté de 18%, mais la production éditoriale de 180%... Conclusion: «Chaque titre se vend beaucoup moins qu’avant.»

FRAGILE ÉQUILIBRE

Les éditeurs d’ici très axés sur le marché français y ont perdu des plumes. En Suisse romande, leurs ventes sont stables. Si le marché local «résiste moins mal» que la France, c’est grâce à son réseau plus dense de librairies. Mais elles sont fragiles. «Les marges sont faibles, les coûts importants, il est difficile de dégager une rentabilité», confirment Marco Dogliotti et Carine Fluckiger, du Parnasse à Genève. «Nous devons renvoyer les invendus pour faire de la place et avoir des liquidités, et les éditeurs sont obligés de publier plus pour payer les retours... La distribution est le seul secteur à peu près rentable du marché.» L’ampleur des retours est pire que jamais, selon Caroline Coutau, directrice des Editions Zoé. «Dans certaines enseignes, les nouveautés qui n’ont pas eu de mouvements sur quatre jours sont renvoyées, et il arrive que des titres ne restent en rayons que vingt jours. C’est souvent le cas des livres romands, qui ne sont pas des best-sellers.»

Mais le système des retours encourage aussi les libraires à faire de vrais choix sur les nouveautés, à prendre des risques, à établir un fonds spécifique, nuance Jean Richard, des Editions d’En bas. Car seuls ceux qui se démarquent des livres dont tout le monde parle peuvent tirer leur épingle du jeu face à Amazon et aux grandes chaînes. «Mais c’est dur pour les éditeurs, reconnaît M. Richard. Parfois, nos titres ne sont pas retenus, alors que nous sommes toujours sur la corde raide, dépendant de leur succès et de leur promotion. Les médias jouent d’ailleurs en cela un rôle prescripteur important.»

L'ÉCOLE A UN RÔLE À JOUER

Face à ces difficultés, l’aide publique est cruciale. Mais le chiffre d’affaire des éditeurs ne peut en dépendre, et il s’agit de «trouver un équilibre entre les logiques commerciales et culturelles», note Caroline Coutau. Pour Jean Richard, les soutiens qui se mettent en place «permettront d’articuler les différents échelons de la politique du livre – régional, cantonal, fédéral – et de donner une cohérence aux aides existantes».

Ces politiques n’abordent pas la question de la promotion de la lecture, regrette Gabriel de Montmollin. Or, pour les éditeurs, cette problématique est bien plus capitale que le débat autour du livre numérique dont les ventes sont minimes. C’est que plusieurs sondages font état d’une baisse des pratiques de lecture notamment chez les adolescents, que les ordinateurs habituent à des textes courts. «Pourquoi pas? Mais c’est une décision politique et culturelle qui mérite débat», continue M. de Montmollin.

L’école a un ici un rôle à jouer. Il est pourtant souvent difficile de toucher les enseignants. Alors qu’ils pourraient aborder les œuvres d’auteurs contemporains et les inviter en classe afin de montrer que la littérature est vivante, ils sont souvent intimidés ou désemparés par l’absence d’appareil pédagogique pour ces textes. Le travail de l’enseignante Fabienne Humerose est ainsi à saluer: elle est à l’origine du Roman des Romands, sorte de Goncourt des lycéens décerné par des centaines d’élèves du secondaire qui s’étend à présent outre-Sarine. Auteurs, profs et élèves, tous disent adorer les rencontres organisées en contrepoint aux débats des jurés en herbe.  

 

Payot mise sur le long terme

Mi juin, les librairies Payot SA étaient rachetées au groupe français Lagardère par leur directeur Pascal Vandenberghe. Sa société Kairos Holding en devenait l’actionnaire majoritaire à 75%, suivie par la holding Mercator (20%), présidée par François Lemarchand, fondateur des magasins Nature & Découvertes, et par l’homme d’affaires vaudois Jean-Marc Probst (5%). La plus grande librairie de Suisse romande retrouvait donc son indépendance et réaffirmait son ancrage romand, grâce aussi au prêt financier à long terme de Vera Michalski, du groupe d’édition Libella. Questions à M.Vandenberghe.

Que va changer cette nouvelle structure pour les librairies Payot?

Pascal Vandenberghe: Rien ne changera au niveau quotidien et opérationnel, car les filiales de Lagardère Services étaient autonomes. Mais nous assurons ainsi une continuité qui n’aurait pas été garantie si l’offre déposée par la Fnac avait été retenue. Dès que j’ai pu articuler une contre-offre, j’ai eu le soutien de ma hiérarchie et du PDG de Lagardère Services.

La première de nos priorités est de reconstituer les fonds propres de Payot: en tant que filiale d’un groupe coté en bourse, nous étions contraints de remonter chaque année les bénéfices de l’entreprise. Nos nouveaux actionnaires ne demandent pas de dividendes extravagants: nous ne voulons pas une croissance irraisonnée au détriment de l’entreprise, mais sommes dans une stratégie à long terme. Deuxièmement, nous avons un gros projet de développement à Genève, lancé il y a deux ans, qui sera dévoilé en septembre. Enfin, nous voulons maintenir nos succursales et développer les magasins Payot et Nature & Découvertes.

Pourquoi ce partenariat?

– Je suis confiant dans l’avenir de la librairie mais il peut y avoir des accidents de parcours, comme en 2012. Il sera bon alors de pouvoir pondérer d’éventuelles difficultés par une autre activité compatible avec Payot.

Comment se porte la librairie?

– L’activité s’est stabilisée au deuxième semestre de 2012, et a connu une croissance globale du marché du livre de l’ordre de 1,5% en 2013, qui sera sans doute identique en 2014. En Suisse alémanique, il recule de 4 à 5%, et en France de 1 à 2%.

Que pensez-vous du système des retours des invendus aux éditeurs, qui provoque une rotation rapide des livres en rayon?

– La surproduction n’est pas en cause, mais plutôt le modèle de distribution. Le système des offices, qui permet aux libraires de renvoyer les invendus, en fait en quelque sorte les banquiers des éditeurs – avant que ces derniers ne doivent à leur tour rembourser les retours. Ce cercle vicieux a eu un autre effet pervers: celui de rendre les libraires passifs par rapport à l’acte d’achat. En France, la plupart des grands diffuseurs ont abandonné ce modèle. L’Allemagne a un système d’achats à comptes fermes avec un taux de retour autorisé de 5% seulement, et les représentants dévoilent les nouveautés aux libraires à six mois, ce qui leur donne une vision à plus long terme pour faire leurs choix. Le libraire doit ainsi être hyper spécialisé dans ses achats et l’éditeur est responsabilisé. Nous avons proposé ce système ici mais les diffuseurs ne sont pas prêts. Le taux de retours reste donc élevé, ce qui coûte cher aux libraires et pénalise les éditeurs.

Quels sont vos liens avec les acteurs locaux?

– Nos achats se font sous la responsabilité du libraire-gérant de chaque succursale, auquel les représentants des éditeurs romands viennent présenter leurs nouveautés. Payot représente pour certains près de 50% du chiffre d’affaires. Si l’on ne suivait que des critères économiques, leurs titres occuperaient moins de place. Nous soutenons aussi les écrivains d’ici en accueillant des dédicaces – plus de 500 séances en 2013 contre 200 en 2011 – et je suis cofondateur du Livre sur les quais. 

http://www.lecourrier.ch/122221/des_livres_et_des_defis