Editions Zoé, 2017.

Anne Pitteloud propose une critique approfondie de l’œuvre très intime et pourtant pudique de Catherine Safonoff. Une œuvre jouant constamment entre autobiographie et fiction et dont les différents livres sont envisagés comme un réseau d’îlots qui, ensemble, forment un tout signifiant. Les nombreuses citations de l’œuvre permettent au lecteur de retrouver le plaisir éprouvé à la lecture des textes de Safonoff et d’être ramené avec force à lui-même, car ce qu’écrit Safonoff est si précis qu’il ne peut qu’être universel. Les nombreuses citations de l’œuvre permettent au lecteur de retrouver le plaisir éprouvé à la lecture des textes de Safonoff et d’être ramené avec force à lui-même, car ce qu’écrit Safonoff est si précis qu’il ne peut qu’être universel.  

La critique est suivie d’un entretien entre ces deux femmes de lettres, une immersion dans le jardin secret de l’auteur. C’est le premier ouvrage critique entièrement consacré à l’œuvre de Catherine Safonoff. Il paraît en même temps que La distance de fuite de Catherine Safonoff. 

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Depuis La Part d'Esmé (1977) jusqu'à La distance de fuite (2017), Catherine Safonoff explore les "espaces du dedans", ce domaine obscur et vaste où naissent les mouvements intérieurs les plus fins. Ecrivant sur les êtres aimés, pour contrer la perte et le temps qui passe, elle construit une oeuvre à la première personne qui met en relation les fragments de son vécu en brouillant les frontières entre autobiographie et fiction. L'analyse que propose Catherine Safonoff, réinventer l'île permet de mesurer la richesse de ses thématiques et la cohérence d'une oeuvre qui préserve aussi ses silences et tend au lecteur un miroir.

Dans ce premier ouvrage entièrement consacré à Catherine Safonoff, Anne Pitteloud, critique littéraire au Courrier et auteure, envisage l'ensemble de l'oeuvre comme un réseau d'îlots: chaque nouveau livre vient compléter les précédents, éclaircir certaines de leurs zones d'ombre. La figure de l'île représente également cet éden où les choses coïncident avec leur expression; elle est le rêve d'un accord enfin trouvé entre l'intimité et le monde extérieur, l'espace et le temps, le dedans et le dehors. L'originalité de la démarche de Safonoff en fait l'un des grands écrivains suisses de ces cinquante dernières années.

(4e de couverture)

 

On en parle:

Francis Richard sur son blog (6 juin 2017).

Fabien Franco dans son blog sur le site de Mediapart (20 mars 2017).

Marianne Grosjean dans La Tribune de Genève (9 mars 2017).

Elisabeth Jobin pour la revue en ligne Viceversalittérature (13 février 2017). 

Marine Landrot dans Télérama n°3501 (13 février 2017).

Thierry Raboud dans La Liberté (11 février 2017).*

Eric Loret dans Le Monde des livres (9 février 2017).

L'émission Caractères, sur Espace 2 (RTS, 22 janvier 2017): Catherine Safonoff et Anne Pitteloud au micro d'Anik Schuin et Jean-Marie Félix.

Maxime Maillard dans Le Courrier (20 janvier 2017).

Jean-Paul Gavard-Perret sur son blog De l'art helvétique contemporain (18 janvier 2017).

Isabelle Rüf dans Le Temps (7 janvier 2017).

 

 

* Catherine Safonoff, l’art du dévoilement

«On écrit pour se relier aux autres, mais dans la solitude, à distance.» Tout l’art de Catherine Safonoff semble tenir dans cette seule phrase. Fier paradoxe de cette écriture à la fois souterraine et lumineuse; introspection dépliée vers l’extérieur, qui ne devient quête de soi qu’à force d’éprouver son rapport à l’autre.

En huit romans et deux recueils de nouvelles, la Genevoise a déployé une œuvre d’une rare singularité, honorée de plusieurs prix et remarquée pour sa sincérité, sa mélancolie heureuse, sa précision psychologique. Après Le Mineur et le Canari, lauréat d’un Prix suisse de littérature en 2012, on retrouve cette voix originale dans La distance de fuite.

Soit l’espace à maintenir autour de soi s’il fallait ne devoir sa survie qu’à sa vitesse de course, explique l’auteure. Espace qu’il s’agit ici d’explorer, d’appréhender par la littérature. Voici donc ce faux journal où sont recensées quatre saisons d’une existence que l’on devine à travers les voiles mouvants de l’écriture. Au fil de ces paragraphes apparaissent les proches de la narratrice, fréquentations dissimulées derrière l’initiale de leur prénom – le docteur Ursus de l’ouvrage précédent est devenu Monsieur Z., analyste chez qui elle multiplie les séances. Des identités flottantes, évanescentes: son ex-mari, ses deux filles, un amour grec, puis diverses personnes croisées dans la rue avec qui elle tente de maintenir la juste distance, celle qui permet le lien en évitant l’entrave.

Oui, la fiction semble être devenue à Catherine Safonoff une impossible imposture – alors c’est la lente chorégraphie du quotidien qu’elle met en scène. On la voit s’émerveiller d’instants minuscules, vaquer sur son «chemin personnel» en quête de miroirs, partager une clope avec des détenus ou recevoir le Grand Prix Ramuz.

Puis encore s’entretenir avec une «jeune critique littéraire», personnage qu’il est plutôt aisé de reconnaître puisqu’Anne Pitteloud accompagne cette parution d’une étude sensible et approfondie. Courageuse plongée dans les textes de Safonoff, cette matière rétive à toute catégorisation dont la «jeune critique littéraire» au Courrier parvient à restituer toute la cohérence. Au fil de l’analyse, ce «mélange étonnant entre vécu et reconstruction du réel» apparaît comme un tout organique, tendu par un réseau mystérieux d’indices biographiques. D’œuvre en œuvre, leur dévoilement tient du grand art. Thierry Raboud