Cingria, maître du caprice

LITTERATURE Les deux premiers volumes de l’édition critique des «œuvres complètes» de Charles-Albert Cingria viennent de paraître: promenade dans ces «Récits» qui révèlent la cohérence d’un univers à la fois vaste et fragmentaire, ouvert, facétieux et fondamentalement libre. Entretien avec la critique Doris Jakubec.

 

Il saute du coq-à-l’âne, abuse des détours et retours en arrière et, de digressions nonchalantes en écarts inattendus, réapparaît toujours là où on ne l’attend pas. Charles-Albert Cingria (1883-1954) écrit au rythme de ses errances: à pied, à vélo et en train, l’écrivain genevois a arpenté inlassablement la Suisse, l’Italie, la France et l’Afrique du Nord. Liberté de pensée et de déambulation vont de pair: dans ses textes comme dans la flânerie, on sait d’où l’on part, jamais où l’on arrive. C’est cette expérience de l’émerveillement que vit aussi son lecteur, tout au plaisir de se laisser surprendre. «Peu d’écrivains répondent à cette attente avec autant de prodigalité. C’est le souverain du caprice, le maître de la surprise», écrivait l’éditeur et professeur Pierre-Olivier Walzer, qui dirigea la première édition des œuvres complètes de Cingria, parues en 18 volumes chez l’Age d’Homme de 1967 à 1981.

Depuis cette édition, de nombreux inédits ont été découverts au fil de legs successifs. «La nécessité s’est imposée d’une nouvelle édition des œuvres complètes, accompagnée cette fois d’un appareil critique», commente Daniel Maggetti, directeur du Centre de recherches sur les lettres romandes à l’université de Lausanne, qui a hérité de plusieurs dépôts – légués notamment par les héritiers du peintre Alexandre Cingria, frère de Charles-Albert. «On y trouve des images et photos en lien avec la famille, ainsi que des inédits restés jusque là inconnus et le fonds de travail de Cingria.» Ces documents ont permis aux chercheurs de mieux comprendre comment l’écrivain travaillait: «Il s’y reprenait quatre ou cinq fois, dans un système de bourgeonnement, explique Daniel Maggetti. Il recopiait le texte mais repartait chaque fois dans une autre direction, au point où il est difficile d’établir une chronologie. Il mêlait écriture à la machine à écrire et à la main, collages, etc.» Une manière de faire qui sera explicite dans le volume à paraître des «Propos», recueil d’articles et de chroniques dont s’occupe Daniel Maggetti. «Ils portent sur la littérature, les beaux-arts, des questions de société, de politique et d’esthétique, formant une mosaïque dans laquelle on retrouve des lignes de force.» Avant les «Propos» paraîtront les «Essais», autour de la musicologie et du Moyen Age.

Pour l’heure, ce sont les deux volumes des Récits qui viennent de sortir en librairie. Sur plus de 2000 pages se dessinent les contours du continent Cingria, un univers immense constitué d’une multitude de fragments ouverts, en mouvement. Pour organiser cette somme, les chercheurs ont refusé l’ordre chronologique et choisi un trajet thématique: une option qui respecte à la fois la cohérence et la souplesse d’une écriture rétive aux conventions et échappant à tous les genres littéraires canoniques. Les Récits sont ainsi ordonnés en «Itinéraires et lieux dits» (vol. I), et «Histoires et scènes» (vol. II), eux-mêmes divisés en plusieurs parties, selon «des modalités de rythmes, d’actions, d’impressions, de jeux», écrit Doris Jakubec, qui a collaboré à ces deux volumes (lire entretien ci-dessous).1

ETONNEMENT PRIMORDIAL

Aux côtés de textes connus comme «Bois sec Bois vert», «Florides helvètes» ou «La Fourmi rouge», on trouve donc dans ces volumes une foule d’inédits ainsi que des fragments classés dans «Ateliers»: «Feuillets épars, notes, textes incomplets, souvent très travaillés et laissés là en attendant un moment plus propice; certains, lacunaires, paraissent être rescapés d’un naufrage, d’une catastrophe ou d’un accident», écrit encore Doris Jakubec.

Cingria a écrit sur une multitude de sujets, sur tout et rien, la nature et le paysage, les chats, le temps, les rues, suivant les méandres fantasques de l’esprit du promeneur qui n’a de comptes à rendre à personne. Et c’est avec un rare bonheur qu’on se laisse surprendre par ces textes inclassables et stimulants, à la poésie intense et généreuse, souvent très drôles: enfantin et facétieux, Cingria s’amuse à faire ce qu’il ne faut pas et à en rajouter. Il se montre excessif et péremptoire, paradoxal, baroque dans son instabilité et ses métamorphoses, explosif, amoureux du langage et de sa musicalité. Le ton est celui d’une conversation à bâtons rompus, tour à tour savant et trivial, qui mêle en toute liberté anecdotes et érudition. Cingria est attentif aux miracles quotidiens de l’existence, à ce qui existe au présent, et son écriture semble jaillir de cet étonnement primordial et communicatif, d’un «sens d’illumination continuelle» face au monde, ainsi qu’il l’écrit. Comme le formule Doris Jakubec dans son introduction, il invite le lecteur «à sortir de la logique causale pour vibrer plutôt à l’immédiat sensible d’où émerge l’étrangeté, cette altérité irréductible, à privilégier un autre réel, invisible mais vivant, à développer une aptitude à l’accueil comme à la blessure, bref à s’ouvrir au monde de la surprise, de l’étonnement et du rire, mais dans le voisinage du drame et des pleurs».

Signalons pour finir deux autres entrées dans le monde de Cingria, grâce à la collection Le Cippe dédiée aux études littéraires pour un large public. Dans Florides helvètes de Charles-Albert Cingria, Alain Corbellari et Pierre-Marie Joris explorent ces textes où l’écrivain parle de la Suisse et offrent une passionnante introduction à son œuvre, son style et ses thématiques. Enfin, Le Cippe édite un recueil d’hommages à l’écrivain genevois signés Pierre Alechinsky, Guy Goffette, Jacques Réda, Jean Starobinski, Patrick Amstutz, Patrick Kéchichian ou encore Pierre-Alain Tâche, parmi bien d’autres plumes de choix.

 

Un "flâneur ensorcelé"

Ces deux volumes de Récits forment une somme impressionnante. Comment avez-vous respecté l’esprit de Cingria?

Doris Jakubec: Dans ses récits, l’habitant du monde vit dans l’instant et passe de lieu en lieu, mais il rêve de durée et de stabilité, toujours en quête de l’unité pressentie des êtres et des choses. Son œuvre est construite comme une mosaïque de morceaux très divers; à cause de son humour omniprésent, les lignes obliques et les clins d’œil sont privilégiés. Afin d’être en cohérence avec cet univers, qui part dans tous les sens et contient si peu de fiction tout en étant si inventif, nous avons choisi de séparer les récits en deux séries, selon les dominantes des textes. Nous les avons organisés selon les grandes catégories de l’espace et du temps – puisque Cingria a toujours travaillé hors genre –, en les déclinant de manière souple et suggestive, plutôt à la manière de pistes.

Dans le premier volume, nous avons rassemblé les itinéraires et les lieux-dits pour rendre justice à toute cette poétique cingriesque du lieu – géographique et historique. Le deuxième volume contient notamment une série d’«adresses». L’œuvre de Cingria aurait pu être une gigantesque lettre dispersée en mille morceaux: beaucoup de ses fragments sont portés par le «je», qui implique un «tu», comme si le tout était adressé au lecteur. D’autant que le style est souvent familier, avec des tournures orales, si bien qu’on se sent pris à partie. Cingria aimait les lettres, à l’instar de Pétrarque. «Le Grand questionnaire», pseudo interview où on ne sait plus qui est l’interrogé et qui interroge, est un extraordinaire morceau d’anthologie qui mêle critique de société et créativité dans la parole qui s’échange et finit par tourner en rond.

Vous citez Pétrarque (1304-1374), sur lequel Cingria a écrit. D’où lui vient son intérêt pour l’histoire?

– Il est convaincu que les lieux sont les gardiens de la mémoire. Ils ont été habités par d’autres hommes: le présent s’inscrit dans un lieu qui a connu le passé vivant et Cingria cherche ces traces de notre humanité. Il aimait déchiffrer les pierres tombales et les inscriptions et adorait l’Afrique du Nord où foisonnaient les traces romaines perdues dans la nature. Il a beaucoup arpenté Rome bien sûr. Il pense que l’homme est partout et en tout temps semblable, et est en quête d’une présence sensible plutôt que d’une compréhension intellectuelle. Pour lui, l’histoire la plus riche et la plus juste est celle des anecdotes et des légendes: il détestait le positivisme et les historiens systématiques, se moquant des «Sorbonnards à lunettes et à col raide». Dans «Brumaire savoisien», il relit l’Escalade à travers la route disparue, l’humidité de la saison, les odeurs de pommes et de poires pourries, la présence de sacs de pommes de terre dans les champs. Le lieu vit sa vie grâce aux odeurs, aux saveurs, dans une foule de détails et de sensations.

Il aurait voulu vivre aux XIVe et XVe siècles, quand la musique et la poésie n’étaient pas séparées, à l’âge d’or des troubadours. Il a beaucoup étudié ces périodes et signé des travaux érudits sur le Moyen Age, la musique et les trouvères, dont on retrouve des traces dans ses récits. Lui-même avait une formation musicale et sa connaissance de la musique a beaucoup compté, notamment pour Stravinsky.

Son attention à la langue est d’ailleurs très musicale.

– Il a écrit ce pamphlet extraordinaire contre l’espéranto, à l’occasion du congrès en vue de la paix en Europe qui s’est tenu à Genève en 1905: s’y dévoile déjà sa conception musicale et organique de la langue. Sa vision de la composition musicale a aussi contribué à son refus de la notion de genre, si importante dans la littérature française. Selon lui, tout doit être raconté simultanément, sur un mode qui ne sépare pas mais rassemble. Il refuse les histoires individuelles et préfère tracer des portraits parce qu’il se méfie de la déduction et de la causalité: sa vision est inductive. Il a ainsi l’intuition de la langue comme un tout musical, et la développe dans la logique du fragment – d’un texte à l’autre et à l’intérieur des récits. Il insère dans ses autobiographies des lettres à la première personne, des bouts de journaux intimes, toute une gradation de textes qui confirment ou infirment le ton donné.

Comme Bouvier, Cendrars, Rousseau ou Walser, Cingria est un promeneur, un voyageur. Une posture typique de l’écrivain romand?

– Oui, c’est une figure de flâneur, curieux de tout ce qui se voit et aussi se cache. On dit de Cingria qu’il est un «girovagateur», car il fait toujours le même circuit entre Méditerranée et montagne, ses cercles formant une ellipse à deux foyers: Genève et Paris. Nicolas Bouvier aussi parlait de ces échappées. Est-ce dû à l’exiguïté du territoire romand? Cingria a le sentiment d’être bien partout, un temps, puis il lui faut partir pour des raisons qui nous échappent – comme à la fin de la «Lettre à Henry Spiess», où il raconte de façon comique un voyage en Algérie qui tourne mal. Rescapé de mille malheurs et enfin réfugié à l’hôtel, il y a cette fillette de deux ans et demi qui le fixe et le met si mal à l’aise qu’il doit fuir. «Et cette petite sait son triomphe et en jouit sourdement», conclut-il.

Dans mon introduction à Charles-Albert Cingria en roue libre, de Bouvier, j’évoque la différence entre promenade et voyage: le voyage selon Bouvier demande une grande préparation et son but est la connaissance du monde; la promenade, elle, se donne dans l’instant. Pour Cingria, l’instant est une immense partition qu’il faut apprendre à lire: plus on sait en déchiffrer les notes, les clés et les pauses, plus il devient polyphonique et prend sens. L’instant comme le lieu se composent de strates qui s’expriment simultanément dans différents tons, registres, rythmes.

Est-ce pour cela qu’il refuse la fiction?

– Il refuse en effet de quitter le réel. Il n’y a rien de romanesque ni de linéaire dans ses récits, mais le monde s’ouvre brusquement et soudain on voit clair: Cingria fonctionne par révélations, illuminations, comme si le présent se dévoilait d’un coup dans toutes ses strates, qui forment un assemblage ouvert. Nous avons classé des textes sous le chapitre «Regards», pour souligner son magnifique don d’observation, et sous «Epiphanies», qui marquent ces instants où quelque chose survient. Les deux mouvements sont liés non de manière causale mais dans la façon de regarder et de prendre acte des choses dans leur profondeur et leur verticalité.

Il faut savoir lire le monde aussi comme un tableau. N’oublions pas que Cingria était le frère d’un peintre, et lié à plusieurs artistes – proche notamment de René Auberjonois. Ses paysages ont deux dimensions, mais aussi un immense arrière-pays fait de plans qui se superposent selon des points de vue différents.

Cette intuition de plans multiples à la réalité explique-t-elle son recours à la digression?

– Oui, les digressions de Cingria sont comme autant de possibilités narratives; il s’arrête à des carrefours et regrette de devoir ne choisir qu’une direction. Il change souvent de focale et de proportion, entre petit et grand, longues périodes descriptives et courtes phrases où l’action reprend. Il y a chez lui toute une dialectique du proche et du lointain, du connu et de l’inconnu, du présent et du passé. Les clés de son travail et de son imaginaire sont à chercher dans le théâtre baroque où il est toujours question de métamorphoses; on ne sait pas où on est – sur scène ou non? –, et quand on tire le rideau, tout est fini. Le théâtre est plus libre que le roman en ce qu’il donne la liberté de sauter d’un lieu à l’autre sans explications, d’accumuler les péripéties, de rire à tout moment! Cingria aimait le théâtre guignol, la commedia dell’arte, le théâtre impromptu, comme beaucoup de peintres des années 1930. Il a aussi le sens des correspondances et trace de grandes analogies, par exemple entre bibliothèques et forêts qui sont des terrains d’aventure où se perdre et se trouver. Cela ouvre d’infinies ressources imaginatives.

Ses textes commencent parfois même par des digressions. C’est un jeu. Dans «Recensement», il débute par une phrase extraordinaire: «On cire à la perfection un soulier mais pas deux. Fallait-il une virgule avant mais?» Il enchaîne sur cette histoire de virgule et sur la ponctuation, s’attarde sur sa machine à écrire, etc., puis viennent des réflexions sur ce qu’est écrire, vivre... Le titre est trompeur et il en joue comme un gamin: on ne va pas donner tout de suite au lecteur ce qu’il attend!

Quelle place cette écriture fragmentaire laisse-t-elle au lecteur?

– Cingria était un homme de la variation. Or dans les variations baroques, il y a toujours des parties improvisées: on laissait des portées blanches pour cela. Dans ses textes, il laisse comme des blancs pour inventer, imaginer, rêver – être dans le présent vivant de la lecture, et non dans un monde achevé et clos. Il laisse une place à son lecteur qui est un interlocuteur possible. Si on ne joue pas le jeu en regardant avec attention, en essayant de sentir, le monde nous échappe et lire ne sert à rien, pas plus qu’écrire d’ailleurs. Il s’efforce de maintenir le lecteur éveillé, c’est pourquoi il multiplie les surprises et les égarements.

Il y a ce côté enfantin, joueur, trompeur.

– Oui, il a gardé un magnifique esprit d’enfance. Il n’est jamais devenu adulte. Nicolas Bouvier, qui adorait ce «flâneur ensorcelé», ne comprenait pas comment il pouvait se tenir à ce point éloigné du «continent vénusien».  Cingria  se posait en histrion, en amuseur, en causeur extraordinaire et drôle qui subjuguait toute une tablée. La musique qui était sa passion suffisait à le faire vivre et bien vivre, au sens où il l’entendait, c’est-à-dire à pratiquer «un exercice humain et savant de la vie».

  

Repères bio

1883 Naissance de Charles-Albert Cingria à Chêne (GE) d’un père originaire de Raguse et Constantinople et d’une mère peintre franco-polonaise.

1904 Fondation de la revue La Voile latine (1904-1910) avec notamment son frère le peintre Alexandre Cingria, C.-F. Ramuz et Adrien Bovy, «bienveillante fratrie». Voyages en Italie et à Constantinople, séjour à Paris.

1905-1909 Voyages: Italie, Algérie, Constantinople, Rome.

1914 Rencontre de Stravinsky, auteur de la musique de L’Histoire du soldat de Ramuz.

1918 Installation à Paris.

1921-1924 Recherches en Allemagne, voyages à Saint-Gall, au Tessin, en Belgique, en Hollande.

1926 Arrestation à Ostie (affaires de mœurs ou politique? les avis restent partagés). Condamné à neuf mois de prison, il est libéré en février 1927.

1928 Parutions des Autobiographies de Brunon Pomposo.

1929 Parution de La Civilisation de Saint-Gall.

1932 Parution de Pétrarque.

1933 Jean Paulhan l’invite à écrire à la Nouvelle revue Française (NRF), à laquelle il collaborera régulièrement.

1939-1945 Retour en Suisse. Il résidera à Genève, Lausanne et Fribourg.

1946-49 Il vit entre Paris, la Suisse, Annecy, Aix-en-Provence.

1947-48 Parution de La Reine Berthe et Bois sec Bois vert.

1954 Rapatrié en urgence à Genève depuis Aix, il meurt d’une cirrhose du foie le 1er août.    

 

1 Publiées sous la direction de Alain Corbellari, Maryke de Courten, Pierre-Marie Joris, Marie-Thérèse Lathion et Daniel Maggetti, les Œuvres complètes réunissent une vingtaine de chercheurs suisses et français dans les divers domaines couverts par l’œuvre de Cingria: politique, histoire, beaux-arts, musique et musicologie, langue et littérature.

 

Charles-Albert Cingria, œuvres complètes, Récits, vol. I (Itinéraires et lieux-dits) et vol. II (Histoires et scènes, Adresses, Cingria avant Cingria), Editions de L’Age d’Homme, Lausanne, 2012.

A paraître: Essais (vol. III) et Propos (vol. IV et V), suivis de Correspondance (vol. VI et VII).

 

Lire.

• Alain Corbellari et Pierre-Marie Joris, Florides helvètes de Charles-Albert Cingria, Ed. Infolio, coll. Le Cippe, 2011, 110 pp.

• Collectif, Cippe à Charles-Albert Cingria: un recueil d’hommages, Ed. Infolio, coll. Le Cippe, 2011, 160 pp.

• Anne-Marie Jaton, Charles-Albert Cingria, verbe de cristal dans les étoiles, Ed. Presses polytechniques et universitaires romandes, coll. Le Savoir suisse, 2007, 137 pp.

• Nicolas Bouvier, Charles-Albert Cingria en roue libre, texte établi par Doris Jakubec, Ed. Zoé, 2005.

 

Ecouter.

Charles-Albert Cingria, La Jongleresse, CD d’entretiens et livret préparé par Daniel Maggetti, Ed. Héros-limite, coll. Timbres, 2006.

http://www.lecourrier.ch/cingria_maitre_du_caprice