Coaching machiavélique

Nicolas Verdan s’intéresse à la violence sociale du néolibéralisme dans La Coach. Noir.

Après Le Patient du Dr Hirschfeld (2011), qui revenait sur la persécution des homosexuels sous le IIIe Reich, après Le Mur grec (2015), intrigue policière dans la Grèce de 2010 entre afflux de migrants et austérité, Nicolas Verdan s’attaque à la violence sociale et économique dans La Coach, roman glaçant de la vengeance d’une femme.

Coraline Salamin coache l’un des directeurs de Swiss Post, qui doit restructurer le réseau postal – soit supprimer plus de 600 offices. Fragilisé par les décisions impopulaires qu’il doit prendre et par une crise de couple, Alain Esposito lui fait confiance. Il ne sait pas que le frère de la redoutable coach s’est jeté sous un train après que la poste où il travaillait a fermé…

Requins en eaux troubles

L’écrivain vaudois sème le trouble en choisissant pour narratrice cette femme machiavélique, à laquelle on ne peut s’identifier et qui semble également nous manipuler. Le lecteur ne découvre ainsi qu’au compte-gouttes l’âpre réalité, tandis que l’intrigue se noue et que monte la tension. Entre Lausanne et le Valais, d’où vient Coraline et où vit son ami – ils ne se verront jamais, communiquant par SMS –, entre egos gonflés à bloc et failles souterraines, La Coach brosse le portrait impitoyable mais un peu convenu de l’univers des grandes entreprises, royaume du cynisme et de l’égoïsme.

 

Nicolas Verdan, La Coach, Ed. BSN Press, 2018, 129 pp.

https://lecourrier.ch/2018/03/16/coaching-machiavelique/