Sale négoce

Dans son quatrième roman, la Genevoise Catherine Fuchs décortique les méthodes douteuses d'une multinationale. 

Il y a quelque chose de pourri au royaume du commerce international… Révoltée, combative, Carmen Berger prépare, avec son ONG Terra Nostra, un rapport qui dénonce les agissements de la Pormaco. Basée à Zoug, la société exploite une mine de cuivre au Zamanga, fictif petit pays d’Afrique qui prend valeur d’exemple. Corruption, optimisation fiscale, dégâts sociaux, sanitaires et environnementaux: Catherine Fuchs signe un roman glaçant et très documenté sur les pratiques des multinationales, dévoilées au fil d’une intrigue rondement menée.

La poétesse et romancière genevoise situe La Tête dans le sable dans la ville du bout du lac, où se déroule tambour battant le quotidien de Carmen, entre une fille ado avec laquelle les relations ne sont pas simples, un ex-mari qui refait sa vie, les contacts de son ONG avec l’Africain Samuel confronté à des intimidations sur le terrain, mais aussi avec la Pormaco et son armada d’avocats… Si la battante est familière de ces défis, elle sera en revanche perturbée par la rencontre aussi imprévue qu’étonnante avec le beau Michael, employé de la multinationale visiblement sous le charme de la cinquantenaire.

Se lier à l’ennemi? D’ailleurs, n’est-il pas un leurre, un piège tendu par la Pormaco? Comment faire confiance à cet hédoniste qui ne réfléchit pas aux conséquences de ses actes? Le doute plane, l’austère et droite Carmen résiste. Mais le désir n’a cure des principes, des valeurs et de l’éthique sociale…

Saluons le rythme du roman, tenu, alerte, ainsi que son sujet, Catherine Fuchs abordant de manière vivante et limpide des enjeux peu visibles en littérature. Et pour cause: l’exercice est difficile, qui court le risque du didactisme et du trop explicite, malheureusement pas toujours évités ici.

 

 

Catherine Fuchs, La Tête dans le sable , Ed. Campiche, 2016, 254 pp.

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