De l’art à l’amitié

Premier roman de l’artiste Marie-José Imsand, Le Musée brûle navigue entre Lausanne et la Roumanie en suivant une poignée de personnages attachants.

 

David, photojournaliste, était très lié à Pablo, musicien roumain flamboyant et généreux qui vient de décéder. «Tu es mieux que tous les livres que j’ai ouverts parce que tu es un homme», lui dit-il en pensée le jour de son enterrement. Il rencontre son fils Cyan – ce bleu clair, l’une des trois couleurs primaires du cercle chromatique –, un jeune homme au «regard de conteur» qui ressemble à un personnage de Chagall et dessine sans arrêt. Il l’invite à Lausanne. Cyan y trouvera un emploi de balayeur dans les jardins de la ville et, surtout, découvrira le monde de l’art contemporain via les cours qu’il suit aux beaux-arts, mais aussi en faisant la connaissance de Jaïna, la fille de David, de retour de Rome «avec assez de diplômes pour être reconnue par les collectionneurs».

Pendant que le père voyage pour son métier, notamment dans l’Irak en guerre, tous deux cohabitent chez lui. Et s’opposent alors deux mondes, celui de Jaïna et de ses amis branchés, qui ne jurent que concepts et froides installations, et celui de Cyan dont les œuvres naissent d’une nécessité intérieure qui se passe de discours. On devine où se porte la sympathie de l’auteure... Mais Marie-José Imsand évite la caricature, grâce à l’alternance de ses narrateurs, à la sensibilité de son regard et de son écriture, et à sa connaissance de l’art comme de la Roumanie. Et son Musée brûle de se lire comme un éloge de l’amitié et des rencontres qui transforment les vies.

M.-J. IMSAND, LE MUSEE BRULE, BSN PRESS, 2016, 88 PP.

http://www.lecourrier.ch/138304/de_l_art_a_l_amitie