Le Mal? Autant en rire
Ses histoires empruntent à l’absurde comme à l’humour bête qui fait mouche. On ne sera donc pas étonnés d’apprendre qu’il a collaboré à la Soupe est pleine et réalisé de nombreux spectacles comiques.
Après un Dictionnaire horizontal (Humus, 2011) et des Poésies bonsaï et autres haïkuku suisses (Hélice Hélas, 2014), Jean-Luc Fornelli s’attaque aux récits brefs dans Les Feuilles du mal, où il se propose d’explorer le Mal, justement, sous toutes ses facettes.
Il faut se laisser toucher par son art de la dérision et ses trouvailles souvent franchement potaches, qui de prime abord désarçonnent. Quand il se fait biographe d’un romancier qui n’a jamais réussi à dépasser l’étape des titres, Jean-Luc Fornelli en donne une liste désopilante qui marie jeux de mots, références culturelles et assertions comiques; quand il raconte la manière dont les chevaliers de la Table ronde ont trouvé leur nom, il n’a rien à envier à la série Kaamelott; il tente ailleurs d’écrire la nouvelle la plus courte du monde, montre Huguette Néandertal inventer le vibromasseur au temps des cavernes ou se frotte à l’art du pastiche en imaginant le discours d’un certain Eric Semmeur contre les «soi-disant femmes objets»...
Le point commun de ses textes iconoclastes est sans doute un amour des mots, qu’il décortique ou prend à la lettre pour mieux en jouer. On y trouve d’ailleurs à plusieurs reprises le personnage de Teux Exmakina qui, sous les traits d’un bon génie allemand, «farfadet teuton» au lourd accent, surgit de nulle part pour sauver la situation en se servant d’un proverbe détourné – et qui donne toujours lieu à une histoire d’un débile revendiqué... Avis aux amateurs!
JEAN-LUC FORNELLI, LES FEUILLES DU MAL, BSN PRESS, 2015, 112 PP.