Les chessexomanes sévissent

Un bandeau rouge orne le volume 4 des Périphériscopiques: «4 ans après, peut-on encore rire de Lui? Peut-on enfin rire de Lui?» Lui, c’est Jacques Chessex, décédé en 2009, qui porte les mêmes initiales qu’un autre grand prophète. Le ton est donné. Sous la direction de Schüp, cette hilarante livraison de la revue réunit les «Travaux» de l’Institut de Chessexologie nouvellement créé, dont «la première mission sera de perpétuer la mémoire de celui qui mieux que personne sut être sensible à son génie». Les textes sont tirés des archives du Centre de recherches périphériscopiques (1973-2001): liée au bimensuel La Distinction et au fameux prix de Champignac, cette association satirique romande d’inspiration pataphysique et oulipienne «aurait pu fêter ses 40 ans en 2010 si les commémorations et le respect des chiffres ronds n’étaient eux-mêmes un sujet d’ébaudissement périphériscopique».

Ses frétillants bénévoles maîtrisent l’art de la satire et de l’hyperbole, et offrent ici une lecture inoubliable de la vie du «dernier écrivain du XIXe siècle» et de son œuvre. Elle s’organise en chapitres aussi spirituels que déjantés. Personnages que Chessex a inspirés (Achille Talon et Ubu), carte et index des boissons dans Jonas, extraits d’une presse dévouée, analyse de ses œuvres et de ses romans «inécrits», vingt-six ans de légendes photos, interviews ou citations choisies («– Etes-vous un homme heureux? – Est-ce que Dieu est heureux?»)... L’hilarante apologie du grand homme est complétée par des dessins, photos, fac-similés de lettres et dédicaces, et par un CD qui propose deux logiciels: Les Cadavres exquis d’outre-tombe («pour garder le contact») et Le Calendrier de l’Aprex, mensuel et perpétuel («pour entretenir le culte»). A savourer sans retenue.

 

SOUS LA DIRECTION DE SCHÜP, «TRAVAUX DE L’INSTITUT DE CHESSEXOLOGIE», IN LES PÉRIPHÉRISCOPIQUES VOLUME 4, ED. CENTRE DE RECHERCHES PÉRIPHÉRISCOPIQUES, 2014, 207 PP.

http://www.lecourrier.ch/122085/les_chessexomanes_sevissent