Matlosa

Daniel Maggetti
Critique du 26/03/2024 par Giulietta Mottini

Dans Matlosa, Daniel Maggetti poursuit la quête littéraire et intime à travers ses origines tessinoises dont témoignent ses précédents romans, notamment La Veuve à l’enfant (Zoé, 2015) et Une femme obscure (Zoé, 2019). Le roman s’ouvre sur les paroles de « l’Eufemia » à propos de deux hommes « que l’on voyait depuis une semaine au moins […] se faufiler dans la maison du syndic » et qui, selon elle, ne pouvaient être que des « matlosa », soit des personnes dont on ne peut retracer la généalogie ; dans cette catégorie entre toute personne venant de plus loin que cinquante kilomètres à la ronde.

Ces deux hommes, ce sont Cecchino et son fils Isidoro qui arrivent dans un village de Suisse italienne au début des années 1930. D’origine lombarde, ils cherchent du travail en Suisse alors que le fascisme s’est largement répandu en Italie et que la position critique de Cecchino lui a fait perdre son travail de carbonatt. Quelques années plus tard, alors que leur situation s’est quelque peu stabilisée, Cecchino retournera en Italie pour organiser la venue du reste de la famille : son épouse Rosa et ses deux autres enfants, Irma et Alessio.

Cecchino n’est autre que le grand-père de l’auteur, Daniel Maggetti, comme il l’expose dès les premières pages :

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Critique

La Voix du violoncelle

Damien Murith

Critique du 18/03/2024 par Claudine Gaetzi

Divisé en sept parties, plus un prologue et un épilogue, et composé des brèves séquences en prose poétique, La Voix du violoncelle est un récit de guerre dans lequel l’art joue un rôle salvateur.

Le prologue pose comme décor un paysage dévasté qui n’est pas situé géographiquement. Il est décrit de telle sorte qu’il paraît universel et atemporel. C’est un pays de montagnes, de forêts, de collines, de villes, d’hommes et de femmes et de poètes. Ceux-ci sont des observateurs attentifs et leur écriture se rattache à un combat : « saison après saison, de lieux en lieux, ils écoutent, ils observent, ils écrivent, et leurs mots ont la force des passions, la fièvre des grandes luttes ». Dans cet endroit dont on ignore le nom, un groupe de gens s’arrête devant « les restes noircis d’une façade » et une femme déclare que c’est « ici » qu’il faut commencer. Ce prologue est aussi une prolepse. Le récit ensuite est chronologique, pour raconter ce qui a précédé la décision de recommencer « ici ».

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Approfondissement

Schweizer Grand Prix Literatur an Klaus Merz, Spezialpreis Übersetzung an Dorothea Trottenberg

Approfondissement du 15.02.2024 par Redaktion, Pressemitteilung BAK

L’Office fédéral de la culture (OFC) rend hommage à l’œuvre de l’écrivain argovien Klaus Merz en décernant à celui-ci la plus haute distinction littéraire du pays. Le Prix spécial de traduction va cette année à la Zurichoise Dorothea Trottenberg. Cinq autrices et deux auteurs reçoivent un Prix suisse de littérature pour un ouvrage paru au cours de l’année littéraire écoulée. La remise des prix aura lieu le vendredi 10 mai dans le cadre des Journées littéraires de Soleure, avec la participation de la cheffe du Département fédéral de l’intérieur, Elisabeth Baume-Schneider.

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Approfondissements
Hommage à Annik Mahaim: Une plume féconde et engagée
L'auteure lausannoise est décédée le 17 janvier 2024
Approfondissement du 05.02.2024 par Ursula Gaillard

Annik Mahaim avait la joie du mot chevillée au corps. Elle est décédée d’un cancer le 17 janvier 2024, non sans laisser un dernier roman publié en août 2023. Franchir les ravins raconte l’histoire de trois femmes aux prises avec leur destin : Sophia, cardiologue est en proie au désamour, Nisha, d’origine mauricienne, responsable d’une collection prestigieuse dans une maison d’édition qui la licencie pour cause de restructuration, et Juliette, jeune graphiste, atteinte d’un cancer du sein. Le traitement sans complaisance des obstacles auxquels se heurtent ces trois protagonistes contraste avec le lyrisme réservé aux nuages, lumières et reflets toujours changeants du paysage lémanique. Le désir d’enchanter la vie par-delà les horreurs du monde et les vicissitudes de l’existence y est partout sensible. Un scintillement rédempteur sur le lac en cette année 2022 rappelle celui évoqué dans Radieuse matinée, magnifique récit autobiographique publié en 2016.

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Una saggezza con il volto dell'ironia
(Un ricordo di Aurelio Buletti)
Approfondissement du 23.01.2024 par Leopoldo Lonati

«…la scampano solo parole / oltre l’Arrivo» [1]

Per chi ha avuto la fortuna di conoscerlo, Aurelio Buletti (Giubiasco, 7 maggio 1946 – Lugano, 16 novembre 2023) è stato figura esemplare per umanità e cultura.
In questi anni lo si poteva incontrare per le strade di Lugano in compagnia della moglie Giovanna, al bar Pedro o più recentemente, quando i suoi tragitti si eran fatti un po’ più brevi, in qualche bar di Cassarate a sorseggiare un caffè.
Uomo di lieve e intelligente (auto)ironia, ci ha regalato una scrittura calma e lieve ma non superficiale: una poesia da camera, aerea come una «farfalla», secondo un’immagine di Clara Caverzasio ripresa da Gilberto Isella in un bel testo apparso nei «Quaderni grigionitaliani» del 2006.
Poesia da camera di un poeta dalle scarpe robuste però, come quelle che calzava anche solo per scendere le scale e accompagnarti al cancello. La leggerezza e la robustezza di chi conosce bene il suo mestiere e oscilla tra il vedersi ora in figura di volatile (beccuzzo qualche immagine / nell’erba della vita e dei poeti [2]) e ora di asino:

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Poesie und Prosa: fliessende Grenzen
Klaus Merz, Zsuzsanna Gahse, Felix Philipp Ingold
Approfondissement du 04.12.2023 par Beat Mazenauer

Die Aufgabe bleibt die Aufgabe

Die Leichtigkeit seiner Gedichte ist ein Markenzeichen von Klaus Merz. So licht und einfach sie erscheinen, täuschen sie doch nie darüber hinweg, dass in ihnen die harte Arbeit des Verdichtens steckt. Gleich eingangs im neuen Band Noch Licht im Haus demonstriert es Merz in einem Dreizeiler im Versmass 7-5-5.

Unsere Aufgabe bleibt
die Aufgabe. Ich
arbeite daran.

Was oberflächlich wie ein bestärkender Pleonasmus klingt, eröffnet im Kern zwei Lesarten. In der Aufgabe steckt sowohl der Auftrag wie das Aufgeben, mit je ungleichen Vorzeichen des Aufbruchs oder des Verzichts. So erhalten die drei einfachen Zeilen eine prekäre Note, die allenthalben in diesem Band aufblitzt. Worte sind Dreh- und Angelpunkte, die Ambiguitäten erschliessen und Räume zwischen den Zeilen öffnen. Mit kleinsten Verschiebungen setzt Klaus Merz sein allgegenwärtiges lyrisches Ich in Situationen und Bilder, die so schlicht wie unauflösbar erscheinen. Dabei gilt: «alle Wege führen / im Morgengrauen / zurück zu mir» – zum Kind im Dichter. Sei es, wenn im nächtlichen Donnergrollen die «grossen Kindheitsgewitter» leise nachhallen, seien es die Stromschläge, die Mutter einst verabreicht wurden und die noch immer «gegen die eigene Schläfenwand» branden – mit einem Seitenblick auf Merz' Kernerzählung «Im Schläfengebiet».

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Nouvelles parutions